Le jeune Sean Goldman, 9 ans, à la double nationalité américaine et brésilienne, a franchi à pied jeudi matin la porte du consulat des États-Unis à Rio de Janeiro où il a retrouvé son père, avec lequel il va désormais vivre à la suite d'une décision de justice.

L'enfant était accompagné par des membres de sa famille maternelle brésilienne qui ont finalement accepté de se soumettre à la décision de la Cour suprême du Brésil qui met un terme à une âpre bataille judiciaire ayant mobilisé le gouvernement américain. Sean, qui portait un tee-shirt jaune de l'équipe de football du Brésil, n'a rien dit à son arrivée au consulat, protégé par quelque 35 policiers.

Son arrivée a provoqué un énorme tumulte parmi les journalistes et l'enfant semblait apeuré. Il est resté tout le temps enlacé avec son beau-père brésilien, l'avocat Joao Paulo Lins e Silva, qui tentait de le protéger de la foule.

David Goldman, le père de l'enfant, a bataillé cinq ans pour récupérer son fils. Sean avait été emmené par sa mère Bruna Bianchi en 2004 au Brésil où elle s'est remariée mais est décédée l'an dernier pendant un accouchement, laissant l'enfant à la garde de son beau-père et des grands-parents maternels.

Amère, la grand-mère maternelle de l'enfant qui l'accompagnait et s'est farouchement battue pour qu'il reste dans sa famille brésilienne, a lancé un ironique «Joyeux Noël, Gilmar Mendes», le nom du président de la Cour suprême.

Sean et son père David ont quitté le consulat une heure plus tard pour se rendre à l'aéroport où les attendait un avion mis spécialement à leur disposition.

Hillary Clinton «enchantée»

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton s'est dit jeudi «enchantée» de la réunion du petit Brésilo-américain Sean Goldman avec son père américain, à l'issue d'une longue bataille judiciaire ayant mobilisé le gouvernement américain.

«Je suis enchantée que Sean Goldman, 9 ans, et son père David Goldman aient été réunis aujourd'hui à Rio de Janeiro et qu'ils soient en vol» vers les Etats-Unis, a déclaré la chef de la diplomatie américaine dans un communiqué.

Mme Clinton a cité parmi ses remerciements «le gouvernement du Brésil, qui a respecté ses obligations au titre de la Convention de La Haye sur les enlèvements internationaux d'enfants».

L'avocat de la famille brésilienne, Sergio Tostes, a déclaré mercredi à la presse que «l'impression de la famille avait été la pire possible parce qu'elle n'avait pas pu effectuer une transition en douceur».

Selon l'avocat, la grand-mère de Sean, Silvana Bianchi, a quand même remis au père de l'enfant une liste d'aliments auxquels il est allergique puisque que cela fait cinq ans qu'il ne cohabite pas avec lui et qu'il ne connaît donc pas ses habitudes.

Peu avant, Me Tostes avait déploré le fait que «le gouvernement américain n'ait pas permis» que la grand-mère maternelle fasse le voyage avec Sean aux États-Unis pour le confort de l'enfant.

Néanmoins, un député américain Chris Smith, qui a accompagné David Goldman au Brésil, a indiqué que lui-même ne pouvait embarquer dans l'avion privé, affrété par la chaîne de TV américaine NBC.

Il a ajouté que la rencontre entre Sean et son père, à laquelle il a assisté, avait été «très émouvante». Le député a lu à l'AFP une déclaration de David Goldman demandant que «l'on accepte (s)a plus sincère et humble gratitude» pour le dénouement de cette affaire.

La porte-parole de l'ambassade des États-Unis, Orla Brum, a déploré les déclarations de l'avocat brésilien et affirmé à la presse «qu'on a mis le consulat américain à la disposition des familles pour leur assurer le maximum de confort, et que Sean ait une rencontre calme avec sa famille, avec son père».

La Cour suprême du Brésil avait ordonné mardi soir qu'il soit remis à son père biologique dans un délai de 48 heures, rejetant un appel de la famille maternelle brésilienne de l'enfant.