La pauvreté a conduit au moins 225 000 enfants des villes haïtiennes à travailler comme des serviteurs non rémunérés dans des familles, bien plus que le nombre précédemment estimé, révèle un rapport publié mardi.

La Fondation panaméricaine pour le développement écrit dans son rapport que certains de ces enfants, surtout les filles, sont soumis à des sévices sexuels, psychologiques et psychiques, en travaillant dans des conditions très dures. Le rapport suggère au gouvernement haïtien et aux donneurs internationaux de favoriser l'éducation des pauvres et de développer les services sociaux, notamment les foyers pour jeunes filles. Elles représentent les deux-tiers de la population en état d'esclavage.

Les jeunes bonnes ou garçons à tout faire sont qualifiés de «restavek» (reste avec en créole haïtien). Leur condition est bien connue et pourtant une honte pour ce pays fondé il y a plus de 200 ans par des esclaves révoltés.

La pratique est si habituelle, selon les chercheurs, que près de la moitié des 257 enfants qu'ils ont pu interviewer dans le bidonville de Cité Soleil ont indiqué être des esclaves domestiques. La plupart sont envoyés par leurs parents qui ne peuvent pas les nourrir dans des familles à peine plus riches. D'après l'étude, 11% des familles qui accueillent ces enfants ont elles-mêmes envoyés leurs propres enfants à d'autres.

D'après les enquêteurs, aucune action en justice n'a jamais été entreprise contre ce trafic d'esclaves enfants. Le phénomène parait s'être accentué avec la migration vers la capitale, Port-au-Prince, de familles qui ne parviennent pas à vivre de la terre, d'après Glenn Smucker, un anthropologue et un des auteurs du rapport.

L'Unicef avait dénombré 172 000 «restavek» en 2002.