Le président colombien Alvaro Uribe a demandé mardi à l'armée d'intervenir pour libérer le gouverneur du département de Caqueta (sud), victime d'un enlèvement attribué à la guérilla des Farc et considéré comme le plus grave survenu au cours de son mandat.

«J'ai demandé aux forces armées qu'elles fassent tous les efforts possibles pour sauver le gouverneur de Caqueta et les autres otages qui sont aux mains de ces bandits. Il faut tout faire sur les plans militaire et policier pour la libération. Nous ne pouvons pas dépendre des caprices des terroristes», a déclaré M. Uribe.

Le président colombien, un des principaux alliés de Washington en Amérique du Sud, a attribué l'enlèvement lundi de Luis Francisco Cuellar aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes).

Il s'agit du premier enlèvement d'un haut fonctionnaire depuis l'arrivée de M. Uribe au pouvoir en août 2002 et le lancement de sa politique de «sécurité démocratique», consistant à utiliser la méthode armée pour combattre les guérilleros d'extrême-gauche.

Le dernier enlèvement d'un gouverneur régional date d'avril 2002. Les Farc avaient alors pris en otage le gouverneur du département d'Antioquia, Guillermo Gaviria, décédé ensuite au cours d'une tentative de libération ratée en 2003.

Le gouverneur de Caqueta, M. Cuellar, a lui été enlevé lundi vers 22H00 locales (3H00 GMT) par un commando qui a lancé une grenade contre sa résidence à Florencia, capitale du département, tuant un policier et en blessant deux autres, selon le gouvernement local.

Les hommes armés ont ensuite emmené leur otage vers une direction inconnue.

«Qui l'a enlevé? Ces mêmes bandits qui veulent faire un +show+ de la libération de deux autres otages», a dit M. Uribe en allusion aux Farc qui avaient annoncé la libération unilatérale en avril de deux militaires, en réalité toujours entre leurs mains.

Selon l'analyste Leon Valencia, directeur de la Fondation Nuevo Arcoiris, cette libération «n'aura plus lieu maintenant» et M. Uribe ne compterait plus dessus.

La prise d'otage du gouverneur montre que les Farc «n'ont pas arrêté d'enlever des civils et font toujours pression pour qu'un échange se produise» entre leurs 24 otages dits politiques et 500 de leurs combattants emprisonnés, pense l'analyste Alfredo Rangel, de la Fondation Sécurité et Démocratie.

Le gouverneur de Caqueta a été surpris par l'explosion en plein sommeil, a déclaré son épouse à <i>La Presse</i>. Des hommes l'ont traîné hors de la pièce, tandis que d'autres, armés, surveillaient la scène.

En pleurs, la femme a demandé qu'on épargne la vie de son mari, et précisé qu'il avait un problème à la jambe gauche et à la colonne vertébrale.

Il s'agit du cinquième enlèvement subi par M. Cuellar, un éleveur local réputé, selon sa femme.

Le gouvernement a offert une récompense d'un milliard de pesos (500 000 dollars, 350 000 euros) en échange d'informations permettant de localiser le gouverneur, qui avait été menacé et bénéficiait pour cela d'une protection policière.

La police et l'armée «ont commencé les opérations pour parvenir à libérer le gouverneur et neutraliser les responsables de l'action terroriste», a dit le ministre de la Défense, Gabriel Silva.

La guérilla des Farc est en conflit avec l'État colombien depuis plus de 40 ans. M. Uribe avait renouvelé le 11 décembre son refus d'entamer un dialogue avec les Farc, fondées en 1964, et comptant de 6 000 à 10000 combattants, selon les estimations.