Les fêtes, avec musique et jolies femmes, sont une tentation qui a été fatale à bien des «narcos» mexicains, et le «chef des chefs» Arturo Beltran Leyva en est le dernier exemple.

Il a en effet été débusqué et tué par l'armée quelques jours après la capture de plusieurs de ses lieutenants qui célébraient l'arrivée de Noël. La fête battait son plein quand les militaires de l'infanterie de Marine font irruption près de Cuernavaca, à une centaine de kilomètres de Mexico. Ils tuent trois hommes du cartel dit «des frères Beltran Leyva», et en capturent 11 autres.

La présence du «chef des chefs» lui-même à cette fête n'est pas confirmée par l'état-major de la Marine, mais des sources au ministère de la Justice laissent entendre qu'il y assistait et qu'il a échappé de peu aux militaires.

Mais cette fête spectaculaire, dans laquelle les militaires arrêtent Ramon Ayala, musicien mexicain très populaire, en même temps que 24 prostituées, permet de confirmer les renseignements de l'enquête qui se resserre autour du chef du cartel.

Quelques jours plus tard, Arturo Beltran Leyva est encerclé à Cuernavaca, où nombre de riches habitants de Mexico ont une résidence secondaire.

Six membres de son cartel périssent mercredi avec lui pendant les cinq heures d'un assaut des troupes de Marine, qui perdent là le premier de leurs hommes tombés en opération, selon le porte-parole de leur état-major, le contre-amiral Jose Luis Vergara Ibarra.

Les cinq frères Leyva, accusés par Washington d'avoir introduit 200 tonnes de cocaïne aux États-Unis entre 1990 et 2008, ne sont plus désormais que trois en liberté: Alfredo a été arrêté en janvier 2008, surpris dans un rendez-vous galant auquel il s'était rendu sans son équipe habituelle de gardes du corps.

Cette arrestation a déclenché la sécession des frères Leyva du cartel dit «de Sinaloa», avec lequel ils travaillaient jusqu'alors et auquel ils ont déclaré une guerre meurtrière. Ils accusent son chef, Joaquin «Chapo» Guzman, d'avoir «donné» Alfredo.

Les fêtes «sont un grand espace particulier où les chefs des cartels franchissent la barrière de la pauvreté», explique à l'AFP l'écrivain mexicain Elmer Mendoza, connaisseur du monde des «narcos» qu'il met en scène dans ses nouvelles «Un asesino solitario» (Un assassin solitaire) ou «Balas de plata» (Balles d'argent).

Pour ces trafiquants cousus d'or, «donner une grande fête, musique à l'appui, et la remplir de jolies femmes est une façon de montrer son succès», souligne-t-il.

Mais c'est aussi une façon d'attirer l'attention des enquêteurs.

En octobre 2008, quinze «narcos», dont onze Colombiens, sont arrêtés pendant qu'ils s'ébattent avec de jolies femmes dans une luxueuse propriété baroque des abords de Mexico, dotée d'un zoo privé avec deux lions, deux tigres, deux panthères noires.

En janvier dernier, Santiago Meza, surnommé «le marchand de soupe» parce qu'il dissolvait dans un macabre bouillon à l'acide les cadavres que lui confiaient les tueurs (il a avoué en avoir fait disparaître 300), est arrêté en pleine bamboche, avec musique, filles, alcool et drogue.

Ses compagnons fuient, mais lui, à moitié inconscient ne peut bouger quand on lui passent les menottes