Une nouvelle demande en reconnaissance de paternité pour l'ancien évêque paraguayen Fernando Lugo, une nouvelle commotion pour ce pays profondément catholique. Mais ce qui choque la population, ce n'est peut-être pas tant que l'homme d'Église ait succombé à la chair. C'est peut-être surtout que plusieurs Paraguayens se reconnaissent en tant qu'enfants illégitimes dans les déboires du président.

Son élection à la tête du Paraguay en avril 2008 avait réjoui la population catholique à 90%: Fernando Lugo, l'évêque des pauvres, avait troqué le sacerdoce pour la politique. 

Mais depuis sa prise de pouvoir, la vertu de l'ancien prêtre est mise à mal. Une nouvelle demande en reconnaissance de paternité a été déposée contre lui cette semaine par la mère d'un garçon de 2 ans, une ancienne catéchiste de 39 ans qui affirme que son fils a été conçu quand M.Lugo s'est lancé en politique en 2006.

Fernando Lugo aurait déjà deux enfants à sa connaissance. En avril, il a reconnu la paternité d'un petit garçon de 2 ans, fils d'une femme de 25 ans. Il y a un mois, la nièce du président, Mirtha Maidana Lugo, a révélé que son oncle Lugo était également le père d'une jeune femme âgée aujourd'hui de 19 ans.

Une autre femme, mère d'un enfant de 6 ans, a retiré hier la demande de reconnaissance de paternité qu'elle avait déposée contre l'ancien évêque de San Pedro. Mais mercredi, la nièce du président a admis à une radio paraguayenne qu'il «pourrait y avoir d'autres demandes de reconnaissance de paternité».

Combien? La presse a déjà évoqué jusqu'à 17 cas possibles...

Enfants illégitimes et mères de famille monoparentales

Le traumatisme des Paraguayens ne serait pas tant de voir un homme d'Église avoir trompé son voeu de chasteté, mais plutôt de voir un homme obligé de reconnaître sa paternité. Sept Paraguayens sur dix n'ont pas de père reconnu, a publiquement rappelé M.Lugo en mai après qu'un test d'ADN n'eut laissé aucun doute sur les origines de son fils de 2 ans.

«Le fait que le président reconnaisse son fils, alors qu'il avait dans les mains l'arsenal juridique et le pouvoir, y compris médiatique, pour ne pas le faire, c'est quelque chose que beaucoup ont considéré comme un acte de courage», a fait valoir Fernando Lugo, dans un entretien accordé à un quotidien argentin.

Voir leur chef d'État forcé, à coups d'ordonnances de tests d'ADN, de reconnaître sa descendance illégitime et de verser des pensions alimentaires fait tomber les tabous. Selon les données officielles, le tiers des ménages du Paraguay ont une femme pour chef de foyer unique. Le taux de fertilité est élevé, tout comme le nombre d'enfants illégitimes.

La paternité du président Lugo ramènera-t-elle les hommes paraguayens vers leurs enfants? C'est à suivre. En attendant, un groupe de musique latino-américaine a récupéré le slogan des élections du président, «Lugo a du coeur», et l'a adapté à sa façon. «Lugaucho (le gaucho Lugo) a du coeur, mais il n'a pas mis de capote»...

Sources: AFP, Libération, La Nacion, ABC Digital, Courrier international