Le président déchu du Honduras, Manuel Zelaya, a refusé jeudi de quitter son pays pour le Mexique, prêt à l'accueillir, parce que le gouvernement putschiste lui demande d'abord de démissionner pour pouvoir lui accorder un sauf-conduit.

Le gouvernement putschiste «a connu un nouvel échec en voulant que je renonce à ma charge (...) ils voulaient que je démissionne», a dit M. Zelaya à la radio Globo, sur laquelle il a l'habitude de s'exprimer depuis le début de la crise politique qui dure depuis cinq mois dans le pays d'Amérique centrale. «Je peux rester ici dix ans, ici j'ai ma guitare», a ajouté en jouant quelques accords le président déchu, qui est réfugié à l'ambassade du Brésil de Tegucigalpa depuis deux mois et demi.

Le Mexique a demandé mercredi un sauf-conduit, «avec le soutien de pays amis et de certains acteurs politiques honduriens, pour obtenir des garanties de sécurité nécessaires» au départ de M. Zelaya, a indiqué le ministère mexicain des Affaires étrangères dans un communiqué publié dans la nuit.

Mais le président déchu du Honduras voulait partir en tant que chef d'État en exercice invité, alors que le gouvernement putschiste souhaitait le voir quitter le pays comme réfugié politique, un statut qui suppose qu'il renonce à son titre.

«L'ambassade du Mexique nous a présenté une demande de sauf-conduit, mais malheureusement nous ne pouvons l'accepter car elle ne contient pas de demande d'asile», avait déclaré le ministre de l'Intérieur du gouvernement putschiste, Oscar Raul Matute, à la radio hondurienne HRN.

«Je ne demande l'asile à aucun pays», avait répondu Manuel Zelaya dans une interview à la chaîne Telesur, basée à Caracas.

«Un éventuel départ du Honduras devra se faire en tant que président du peuple hondurien», avait-il ajouté.

Les rumeurs de départ de M. Zelaya ont mobilisé mercredi les médias et les partisans du président déchu qui sont venus se rassembler autour de l'ambassade du Brésil, où les militaires ont renforcé leur siège.

Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, a critiqué la position du gouvernement putschiste. «Cela démontre le caractère marginal de ce gouvernement vis-à-vis des normes internationales», a-t-il estimé.

Zelaya, élu sous l'étiquette libérale mais ayant opéré un virage à gauche en se rapprochant du président vénézuélien Hugo Chavez, avait été renversé le 28 juin le jour où il avait organisé une consultation populaire pour préparer sa réélection, contre l'avis de la Cour suprême, de l'armée et du Congrès.

Exilé au Costa Rica, il était revenu par surprise le 21 septembre et s'est réfugié depuis à l'ambassade du Brésil à Tegucigalpa.

S'il sort, il sera arrêté pour répondre de plusieurs délits dont l'accuse la justice, notamment celui de «haute trahison», selon le gouvernement putschiste.

Le président putschiste Roberto Micheletti a réussi à organiser une élection présidentielle le 29 novembre pour remplacer M. Zelaya. Porfirio Lobo a été élu au cours du scrutin controversé reconnu par les États-Unis mais contesté par plusieurs pays d'Amérique latine comme le Venezuela, l'Argentine ou le Brésil.

Trois jours plus tard, le Congrès a voté massivement contre le retour de M. Zelaya au pouvoir jusqu'à la fin de son mandat le 27 janvier.

Ses partisans ont ensuite indiqué qu'ils renonçaient à réclamer son retour au pouvoir.