Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, sous pression des grandes puissances pour accepter leur offre de compromis sur l'enrichissement d'uranium, a obtenu les soutiens recherchés à sa politique nucléaire lors d'une tournée-américaine achevée mercredi au Venezuela.

«Je suis sûr que l'Iran n'est pas en train de fabriquer la bombe atomique», a lancé le président vénézuélien Hugo Chavez, principal allié de sud-américain de l'Iran, qui a déjà déclaré à plusieurs reprises que Téhéran avait le droit de développer un programme nucléaire civil.

Les Occidentaux accusent l'Iran de chercher à acquérir l'arme atomique sous couvert d'activités civiles, ce que Téhéran dément.

Peu avant la réunion entre MM. Chavez et Ahmadinejad, le porte-parole du département d'État américain, Ian Kelly, avait déclaré que Washington attendait de tous les pays en contact direct avec l'Iran qu'ils lui fassent part des «préoccupations de la communauté internationale.

«La grande préoccupation dans le monde vient de la violation des droits de l'homme par les États-Unis», a rétorqué le président iranien.

Avant le Venezuela, le Brésil et la Bolivie lui avaient aussi réaffirmé en début de semaine qu'ils reconnaissaient le droit de Téhéran à maîtriser l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, dans le respect des accords internationaux.

Après avoir reçu la veille une lettre de Barack Obama, dans laquelle le président américain lui rappelait notamment sa position sur le nucléaire iranien, le dirigeant brésilien Luiz Inacio Lula da Silva avait toutefois appelé lundi M. Ahmadinejad à «poursuivre les contacts» avec les grandes puissances pour trouver «une solution juste» sur ce dossier.

Pour la première fois en quatre ans, le Groupe des Six, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (États-Unis, Grande-Bretagne, Chine, Russie, France), plus l'Allemagne, ont préparé un projet de résolution condamnant l'Iran, qui pourrait être soumis au vote des 35 gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) jeudi ou vendredi.

Il reproche à Téhéran d'avoir dissimulé la construction d'un nouveau centre d'enrichissement de l'uranium.

Il attend par ailleurs toujours une réponse claire et précise de l'Iran à l'offre de compromis de l'AIEA formulée fin octobre sur la livraison d'uranium enrichi par un pays tiers pour son réacteur expérimental.

Cette tournée de trois jours en Amérique latine a également été l'occasion pour M. Ahmadinejad de renforcer la coopération avec les pays de la région.

Le président iranien, accompagné d'une imposante délégation de 130 personnes et de 150 chefs d'entreprise, a signé trois accords de coopération commerciale, diplomatique et culturelle au Brésil, deux documents en Bolivie et une douzaine de textes au Venezuela dans divers secteurs (agriculture, construction, électricité).

«Tout ce que nous signons aujourd'hui (...) est le signe d'un monde nouveau, de la coopération Sud-Sud et du monde pluripolaire», a estimé le dirigeant vénézuélien. Selon lui, 129 projets de coopération entre les deux pays ont déjà été mis en branle.

«Tu es un gladiateur des luttes anti-impérialistes,» avait auparavant lancé M. Chavez à M. Ahmadinejad avant d'entamer une réunion de travail avec son homologue iranien.

«Les peuples iranien et vénézuélien ont formé un front commun contre les arrogances de l'impérialisme mondial», a répondu le dirigeant iranien, qui effectuait sa quatrième visite officielle au Venezuela.