La Haut-Commissaire de l'ONU pour les droits de l'Homme, la Sud-africaine Navi Pillay, a dénoncé vendredi l'usage excessif de la force par la police brésilienne.

«Ce n'est pas en recourant à la violence qu'on arrête la violence», a déclaré Mme Pillay, dénonçant «l'usage excessif de la force de la part de policiers» comme de la part «des milices, bandits et trafiquants de drogue».

Avant la Coupe du monde de football en 2014 et les Jeux Olympiques de Rio de Janeiro en 2016, la Haut-Commissaire a exhorté les autorités à ne pas tomber dans la tentation de «nettoyer les rues», en portant atteinte aux droits de l'Homme.

Elle a demandé au contraire que les grands investissements en infrastructures prévus pour ces événements bénéficient «aux habitants des zones urbaines les plus pauvres et marginalisées».

Quant à la situation des droits de l'Homme, la Commissaire a estimé «extrêmement préoccupante la violence» urbaine et a dénoncé le fait que «les principales victimes de cette violence sont afro-brésiliennes».

«Je suis aussi profondément préoccupée par les hauts niveaux de violence dirigée contre les femmes brésiliennes» ainsi que par «la marginalisation continue des peuples indigènes», a-t-elle ajouté.

«Des millions d'afro-brésiliens et d'indigènes sont piégés dans la pauvreté et n'ont pas accès aux services de base et à l'emploi. Jusqu'à ce que cela change, cette situation freinera les progrès du Brésil dans de nombreux autres domaines», a-t-elle dit.

Mme Pillay a par ailleurs appelé le Brésil à ne pas laisser impunis les tortionnaires de la dictature (1964-1985) qui ont bénéficié d'une loi d'amnistie générale.

«Le Brésil est le seul pays sud-américain qui n'a pris de mesures pour combattre les abus commis pendant le régime militaire», a-t-elle déploré.

Mme Pillay a dit avoir suggéré au président Luiz Inacio Lula da Silva la création d'une Commission de la vérité et de la réconciliation comme celle que Nelson Mandela a mis sur pied en Afrique du sud, à la fin de l'apartheid.

La Haut Commissaire, qui effectuait sa première visite au Brésil, a rencontré les principales autorités brésiliennes après s'être rendue dans deux favelas, à Salvador de Bahia (nord-est) et Rio.