Le Brésil s'interrogeait mercredi sur les causes du mystérieux black-out géant qui a plongé dans le noir mardi soir la moitié du pays et jusqu'à un tiers de la population, paralysant les plus grandes villes du pays.

Les lumières se sont éteintes peu après 22H15 locales (18H15 HAE), paralysant plus ou moins longtemps 18 des 27 États du pays, dont les deux plus importants, ceux de Sao Paulo et Rio de Janeiro (sud-est). L'électricité n'est revenue progressivement que quelque quatre heures plus plus tard. Mercredi matin, les causes de l'incident n'étaient pas encore connues avec certitude, mais le gouvernement et les experts estimaient qu'un tempête tropicale était sans doute à l'origine de la panne qui a surpris des dizaines de millions de Brésiliens dans les rues, les métros, les ascenseurs, les restaurants, les aéroports.

En début d'après-midi, le président Luiz Inacio Lula da Silva a affirmé que le black-out, qui a affecté quelque 70 millions de personnes, selon de nouvelles estimations, soit plus d'un tiers des 195 millions de Brésiliens, n'était pas dû à un manque d'énergie.

«Il n'y a pas eu de manque de production d'énergie. L'énergie a continué à être produite. Nous avons eu un problème dans la ligne de transmission et nous n'avons pas encore détecté le problème», a dit Lula.

Le chef de l'État a insisté sur le fait que cette panne n'avait rien de comparable avec la crise énergétique vécue en 2001 (bien 2001) sous le gouvernement de son prédécesseur, quand un rationnement d'énergie avait dû être imposé à la population.

Il a mis en avant le fait que, selon lui, 30% du réseau électrique existant aujourd'hui a été construit au cours des sept années de son mandat.

Le ministre brésilien de l'Energie Edson Lobao a convoqué tous les opérateurs de l'énorme système électrique brésilien, qui compte 100.O00 km de lignes de transmission, pour une réunion d'urgence à Brasilia en fin d'après-midi.

Un responsable du ministère de l'Energie a déclaré à l'AFP que des «conditions climatiques adverses» auraient provoqué la déconnexion de «trois lignes de transmission entre les États de Sao Paulo et du Parana (sud-est) qui transportaient l'énergie d'Itaipu», la plus grande centrale hydroélectrique du pays, exploitée avec le Paraguay.

Selon la télévision Globo news, des orages accompagnés de fortes pluies et de vents violents touchaient la région vers 22H00 (18h00 HAE).

Cela a provoqué «une réaction en chaîne» du système, afin d'éviter des dégats aux équipements et de faciliter la reconnexion.

Le président d'Itaipu Jorge Miguel Samek a souligné de son côté que le problème n'était pas venu du barrage mais des lignes de transport. Il a précisé qu'Itaipu produisait 14.000 mégawatts, soit 19% de l'énergie totale du pays. Plus de 80% de l'électricité du Brésil provient d'usines hydroélectriques.

Le Brésil a déjà connu de grandes pannes de courant en 1984, 1997, 1999 et 2001.

Durant le black-out, craignant une vague de violences et de pillages à la faveur de l'obscurité, les autorités ont dépêché tous les effectifs de police disponibles dans les rues. À Rio, l'unité d'élite du BOPE a patrouillé les quartiers de la zone nord pour éviter une reprise de la guerre du trafic qui a fait récemment une quarantaine de morts.

Seuls de rares incidents ont été rapportés mercredi, au grand soulagement des autorités de Rio dont l'image souffre de l'insécurité, un mois et demi seulement après avoir été choisie pour accueillir les Jeux olympiques en 2016.

Photo: AFP

Le black-out a cependant fait aussi quelques heureux: dans plusieurs bars et restaurants, des clients se sont retrouvés dans l'impossibilité de payer leur addition.