Plus de dix mille personnes ont été tuées à Rio au cours des onze dernières années dans des affrontements avec la police, la plupart du temps dans les favelas, une mortalité de 40% supérieure à Sao Paulo où la population est pourtant deux fois et demi plus importante.

Selon une étude publiée lundi dans le quotidien Estado de Sao Paulo de janvier 1998 à septembre dernier, 10 216 personnes sont mortes dans les dénommés «actes de résistance» - le plus souvent entre policiers et présumés trafiquants de drogue -, soit une moyenne de 2,4 personnes par jour. À Sao Paulo, 6.195 personnes ont été tuées au cours de la même période.

Ces statistiques, «supérieures à celles de beaucoup de guerres (...), sont la radiographie de la barbarie», a affirmé le responsable de l'étude, le sociologue Ignacio Cano. Elle a été réalisée par l'Institut des Études de la religion (Iser) à la demande de l'Assemblée législative de Rio.

Dans des déclarations à Estado de Sao Paulo, il rappelle que le terme «actes de résistance à l'opposant» est né pendant la dictature militaire (1964-85) et qu'en 1995, le gouverneur de l'époque a créé une prime pour récompenser les actes de bravoure des policiers. Rapidement, la prime a été baptisée «gratification Far-West» en raison du grand nombre de bavures qu'elle a entraînée et des balles perdues qui tuaient des innocents.

«Cette prime Far-West a renforcé la politique des affrontements armés comme politique de sécurité», a déploré le sociologue. La prime a été supprimée en 1998.

Néanmoins, c'est sous l'actuel gouverneur de l'État de Rio, Sergio Cabral, partisan d'une politique offensive de la police, que le nombre de morts a battu les records: 1330 en 2007. La moyenne des morts a été de 3,6 en 2007, 3,1 en 2008 et 2,9 cette année.

Le secrétariat à la Sécurité de Rio a diffusé un communiqué où il affirme «qu'il continuera à réprimer les trafiquants».

«Nous avons des factions qui utilisent des fusils, des armes très létales, qui enfreignent la loi en risquant leur vie. La police est obligée d'agir dans ce contexte».