Quelque 2 000 cultivateurs de coca ont manifesté mardi à Lima jusqu'au Parlement pour protester contre la politique gouvernementale d'éradication des cultures, qui a donné lieu en provinces à des heurts faisant deux morts au cours depuis un mois.

Les manifestants qui ont défilé dans le calme, réclament un dialogue avec les autorités pour éviter que s'envenime le conflit autour de l'éradication. Certains sont arrivés à Lima au terme d'une marche de 400 km depuis leur région d'origine à Huanuco, 400 km au nord-est de Lima.

Le principal dirigeant des cultivateurs, Eduardo Ticeran, a demandé la fin de «l'éradication violente», affirmant que 400.000 hectares ont déjà été arrachés au Pérou depuis deux décennies. Il réclame aussi une aide de l'Etat pour les cultures de susbtitution - cacao, café - jugées moins rentables.

Lors d'opérations d'arrachage, ces dernières mois, deux personnes ont été tuées et une vingtaine blessées, à l'occasion de heurts ponctuels entre agents d'arrachage, appuyés par la police, et des groupes de cultivateurs.

Le Premier ministre Javier Velasquez a refusé de recevoir les producteurs de coca, soupçonnant certains d'entre eux de liaions dangereuses avec les narcotrafiquants. Il a prévenu que le gouvernement sera «ferme dans sa distinction» entre les deux.

La feuille de coca est une culture «sacrée» traditionnellement cultivée dans les Andes pour maints usages (infusion, mastication, thérapie). Elle forme aussi la base de la cocaïne, dont le Pérou est 2e producteur au monde, une production en hausse en 2008 à 302 tonnes (+4,1%), comme les surfaces cultivées (+4,5%), selon les chiffres de l'ONU.

Le narcotrafic au Pérou est allié aux restes de la guérilla d'inspiration maoïste du Sentier lumineux, dont des foyers sont actifs dans deux poches de territoire, au sud-est et nord-est, dans des fiefs de production de coca.