Le président déchu du Honduras, Manuel Zelaya, a rejeté vendredi la proposition du président putschiste Roberto Micheletti de renoncer tout deux à la présidence pour ouvrir la voie à un gouvernement de réconciliation et averti qu'il ne retournerait pas à la table de négociation.

Micheletti «accepte de se retirer de la présidence de la République si M. José Manuel Zelaya renonce à ses prétentions, ouvrant ainsi la voie à un gouvernement de transition et de réconciliation nationale», avait indiqué à la presse Vilma Morales, porte-parole de l'équipe de négociateurs du gouvernement putschiste.

«Il serait malséant, indécent pour le peuple hondurien que j'aille négocier la fonction pour laquelle le peuple m'a élu», a répliqué M. Zelaya dans des déclarations à l'AFP après avoir été informé de la proposition de Micheletti par la délégation de l'Organisation des États américains (OEA) qui accompagne la négociation entre les deux parties, entamée le 7 octobre dernier.

Le président, renversé par un coup d'État le 28 juin dernier, a rompu le dialogue avec le gouvernement de fait dans la nuit de jeudi à vendredi devant le refus de ce dernier de le restituer dans ses fonctions.

La proposition de Micheletti «sort du cadre» du Plan de San José, proposé par le président du Costa Rica, Oscar Arias, pour sortir de la crise, a estimé Zelaya.

«Nous sommes en train de lutter pour qu'il y ait une rectification. Nous restons fermes sur ce point avec l'appui de la communauté internationale et nous n'allons pas renoncer à la souveraineté du peuple», a-t-il ajouté depuis l'ambassade du Brésil à Tegucigalpa, où il est réfugié après son retour clandestin au pays le 21 septembre dernier.

Zelaya a assuré que pour le moment il ne retournerait pas à la table de négociation avec le gouvernement putschiste. «Il n'y a aucune proposition qui le justifie», a-t-il dit.

Les États-Unis avaient insisté auparavant sur la nécessité d'une reprise du dialogue.

«L'heure tourne», a lancé le porte-parole du département d'État, Ian Kelly. «Nous voulons vraiment que soit résolu le problème entre le régime de fait et le président Zelaya», afin que les élections, prévues pour le 29 novempbre, «puissent s'avérer légitimes».

Le rétablissement de M. Zelaya dans ses fonctions est le seul point qui pose encore problème pour trouver une solution à la crise dans ce petit pays pauvre d'Amérique centrale.

Jusqu'à présent, M. Micheletti voulait que ce soit la Cour suprême qui se prononce sur cette question, alors que M. Zelaya souhaite que ce soit le Congrès (monocaméral).

Les deux camps sont déjà tombés d'accord sur la création d'un gouvernement d'union nationale, la tenue d'élections le 29 novembre, le rejet d'une amnistie et le renoncement de M. Zelaya à la convocation d'une assemblée constituante, sur la base du plan proposé par le président Oscar Arias.

Manuel Zelaya a été renversé le 28 juin par un coup d'État, le jour où il avait organisé contre l'avis de la Cour suprême une consultation populaire envisageant une modification de la Constitution, qui interdit à un président de briguer un second mandat.

Le président déchu, élu sous une étiquette libérale en 2005 avait opéré un virage à gauche l'an dernier, se mettant à dos une partie de ses anciens alliés.

Il a le soutien de la communauté internationale et de ses pairs latino-américains, notamment du bloc antilibéral de l'Alba fondé par Cuba et le Venezuela, et auquel M. Zelaya avait fait adhérer le Honduras en 2008.