Le camp du président déchu du Honduras, Manuel Zelaya, a rompu vendredi le dialogue avec celui du président putschiste Roberto Micheletti, mettant fin à seize jours de négociations qui ont achoppé sur la question du retour au pouvoir de M. Zelaya.

«Nous considérons que le dialogue est épuisé, nous ne pouvons pas continuer à fixer des délais», a déclaré Mayra Mejia, membre de l'équipe de négociateurs de M. Zelaya, dans la nuit de jeudi à vendredi à Tegucigalpa, la capitale. Le président déchu avait menacé jeudi soir de rompre le dialogue avec M. Micheletti, si celui-ci n'acceptait pas son retour au pouvoir avant vendredi 1H00 HAE. Dans les jours précédents, il avait fixé plusieurs délais, épuisés successivement, sans résultats.

Le rétablissement de M. Zelaya dans ses fonctions est le seul point qui pose encore problème entre les deux camps pour trouver une solution à la crise politique qui dure depuis près de quatre mois dans le petit pays pauvre d'Amérique centrale.

M. Micheletti veut que ce soit la Cour suprême qui se prononce sur cette question, alors que M. Zelaya souhaite que ce soit le Congrès (monocaméral).

Après l'annonce de l'ultimatum posé par l'équipe du président déchu, le gouvernement putschiste l'avait catégoriquement rejeté et annoncé qu'il allait faire une proposition vendredi.

«Notre réponse ou notre contre-proposition sera présentée demain (vendredi) à 10H00 (16H00 GMT)», avait dit Vilma Morales, membre de l'équipe de négociateurs de M. Micheletti.

Malgré la rupture du dialogue, côté Zelaya, M. Mejia a fait savoir que cette «proposition peut être reçue par les représentants de l'OEA (Organisation des États américains)» qui ont accompagné le dialogue depuis son lancement le 7 octobre.

M. Mejia a ajouté que le président déchu tiendra vendredi «une réunion de travail pour pouvoir définir le chemin» à suivre.

Les deux camps sont déjà tombés d'accord sur la création d'un gouvernement d'union nationale, la tenue d'élections le 29 novembre, le rejet d'une amnistie et le renoncement de M. Zelaya à la convocation d'une assemblée constituante, soit 95% des points de divergence, résolus sur la base de l'accord de San José proposé par le président du Costa Rica, Oscar Arias.

Manuel Zelaya a été renversé le 28 juin par un coup d'État, le jour où il avait organisé contre l'avis de la Cour suprême une consultation populaire envisageant une modification de la Constitution, qui interdit à un président de briguer un second mandat.

Le président déchu avait été élu sous une étiquette libérale en 2005 mais il avait opéré un virage à gauche l'an dernier, se mettant à dos une partie de ses anciens alliés.

Expulsé au Costa Rica, il est revenu par surprise le 21 septembre au Honduras, où il est réfugié depuis à l'ambassade du Brésil.

Il a le soutien de la communauté internationale et de ses pairs latino-américains, notamment du bloc antilibéral de l'Alba fondé par Cuba et le Venezuela, et auquel M. Zelaya avait fait adhérer le Honduras en 2008.

Les États-Unis et l'Union européenne ont suspendu plus de 120 millions de dollars d'aide à eux deux. Le Fonds monétaire international (FMI) et d'autres organismes internationaux ont gelé leurs crédits.

L'OEA avait demandé mercredi aux deux parties de continuer à dialoguer et de faire un effort pour sortir de la crise.