Le président déchu du Honduras, Manuel Zelaya, a rejeté vendredi une proposition du président putschiste Roberto Micheletti sur un point clé dont dépend le règlement de la crise politique qui dure depuis plus de trois mois dans ce petit pays d'Amérique centrale.

M. Micheletti a proposé que ce soit la Cour suprême du Honduras qui décide d'un éventuel retour au pouvoir de M. Zelaya, et non le Congrès (monocaméral), comme le souhaite le président déchu, selon Victor Meza, un des représentants de M. Zelaya dans les négociations qui se déroulent depuis plus d'une semaine à Tegucigalpa.

«C'est une proposition absurde. Nous avons proposé que ce soit le Congrès qui émette la décision, après avis préalable des instances concernées, dont la Cour suprême de justice, si c'est nécessaire», a dit M. Meza dans la capitale hondurienne, jugeant la proposition du gouvernement putschiste «absolument inacceptable».

De leur côté, les neufs pays de l'Alliance Bolivarienne pour les Amériques (Alba), le bloc antilibéral latino-américain auquel a adhéré le Honduras de Manuel Zelaya en 2008, a adopté un document engageant à «des sanctions économiques et commerciales contre le régime putschiste» du Honduras.

Le détail des sanctions, adoptées à l'unanimité, n'a pas été précisé par Evo Morales, président hôte d'un sommet à Cochabamba (Bolivie) des pays de l'Alba, une organisation fondée par le Venezuela et Cuba en 2004.

Les sanctions devraient isoler davantage le régime putschiste. Les États-Unis et l'UE ont déjà suspendu plus de 120 millions de dollars d'aide et plusieurs organismes internationaux comme le Fonds monétaire international (FMI) ont gelé leurs crédits.

Le camp Zelaya n'a toutefois pas définitivement fermé la porte aux négociations. «Le président Zelaya donne un nouveau délai jusqu'à lundi. Nous attendons une réponse, sinon le dialogue sera rompu», a annoncé le ministre déchu du Tourisme de M. Zelaya, Ricardo Martinez, au cours d'une conférence de presse.

«Nous restons en négociations le temps qu'il faut. Le gouvernement offre toutes les dispositions et garanties pour que le dialogue se prolonge», a dit pour sa part Rafael Pineda Ponce, le ministre de la Présidence du gouvernement putschiste appelé par le président déchu à reconsidérer sa proposition.

Le camp Zelaya avait donné jusqu'à jeudi 00H00 (vendredi 02H00 HAE) pour que les négociations lancées le 7 octobre sous l'égide de l'Organisation des États américains (OEA) aboutissent. Mais le président déchu avait ensuite prolongé ce délai à deux reprises «pour donner une chance au dialogue».

Le rétablissement de M. Zelaya dans ses fonctions est le seul point qui pose encore problème entre les deux parties, sept autres points ayant donné lieu à un accord, portant entre autres sur la création d'un gouvernement d'union nationale, la tenue d'élections le 29 novembre, un rejet d'une amnistie et le renoncement de M. Zelaya à la convocation d'une assemblée constituante.

Manuel Zelaya a été renversé par un coup d'État le 28 juin, le jour où il devait organiser une consultation populaire, jugée illégale par la Cour suprême, en vue d'organiser un référendum permettant la réélection du chef de l'État.

Il avait ensuite été expulsé au Costa Rica, avant de trouver refuge au Nicaragua et de revenir le 21 septembre par surprise dans son pays. Il est réfugié depuis cette date à l'ambassade du Brésil à Tegucigalpa.