Magasins vides, aide internationale gelée, chômage en hausse: le coup d'État du 28 juin au Honduras a déjà coûté très cher au Honduras, 3e pays le plus pauvre des Amériques, dont l'économie devrait se contracter de 4% cette année.

Alors que le président déchu Manuel Zelaya et le gouvernement putschiste négocient toujours une sortie de crise, dans les commerces de Tegucigalpa, les vendeurs attendent les clients, comme Ada Moltalban, qui désespère de voir arriver quelqu'un dans le restaurant de fruits de mer où elle travaille. Cette femme de 46 ans a du mal à nourrir ses quatre enfants avec le salaire minimal, 289 dollars par mois, pourtant augmenté de 60% par le président Manuel Zelaya, avant qu'il soit renversé par le coup d'État.

«Je complète avec les pourboires, mais ces derniers mois, il n'y a personne et j'ai peur d'être licenciée. Nous les pauvres, nous sommes toujours les plus touchés», dit-elle à l'AFP.

«Nous étions pauvres, maintenant nous sommes misérables. Beaucoup de commerces ferment. Chaque jour, j'arrive avec la peur de trouver ma lettre de licenciement, car les chiffres sont dans le rouge», témoigne aussi Filiberto, serveur dans l'hôtel où des délégués des deux camps négocient.

Le Honduras est enferré dans une crise politique complexe depuis le coup d'État qui a renversé M. Zelaya. Pour pousser le gouvernement putschiste à  rétablir le président déchu dans ses fonctions, la communauté internationale a gelé de nombreuses programmes économiques.

Les États-Unis et l'Union européenne ont ainsi suspendu plus de 120 millions de dollars d'aide à eux deux. Le Fonds monétaire international (FMI) et d'autres organismes internationaux ont également gelé leurs crédits, en attendant que la situation politique se stabilise.

Associée à la crise internationale, cette coupure de l'aide internationale a créé 180.000 chômeurs de plus dans le petit pays d'Amérique centrale, où 40% de la population active (3,5 millions de personnes) n'a pas de travail ou est sous-employée.

Environ 700000 membres de la classe moyenne sont menacés de glisser sous le seuil de pauvreté cette année, estime le Forum social de la dette extérieure du Honduras (Fosdeh), organisme non gouvernemental, selon qui 70% de la population (7,6 millions d'habitants) pourrait bientôt vivre sous ce seuil.

«La situation du Honduras est sans précédent et 2010 sera encore plus difficile», prévient le responsable du Fosdeh, Mauricio Diaz, qui prévoit une chute de 4% de l'économie cette année.

Le gouverneur en exil de la Banque centrale, Edwin Araque, table lui sur une baisse de 3%, après une croissance de 4% en 2008.

«Nous avions déjà la crise internationale et avec ce conflit, la situation a empiré. Pour ne pas déprimer, nous préférons ne pas faire les comptes», a déclaré à l'AFP le patron des patrons, Adolfo Facussé, allié du régime putschiste.

Les ventes de véhicules neufs ont déjà chuté de 60%, selon les entreprises du secteur. Les couvre-feu décrétés à plusieurs reprises par le gouvernement putschiste ont également durement affecté les bars, restaurants et hôtels. Certains affichent des taux d'occupation inférieurs ou égaux à 30%.

Et la crise s'est déjà étendue au delà des frontières du pays. Le commerce interrégional est en baisse et les voisins du Honduras souffrent aussi d'une baisse des investissements étrangers et du tourisme, selon Juan Daniel Aleman, secrétaire général du Système d'intégration centraméricain.