Le gouvernement putschiste du Honduras a continué mardi à souffler le chaud et le froid, laissant entrevoir une possible reprise du dialogue avec Manuel Zelaya, tout en continuant d'assiéger le président déchu, réfugié depuis une semaine à l'ambassade du Brésil.

Après le «président» putschiste, Roberto Micheletti, qui s'est dit disposé lundi soir à «abroger» un décret instaurant un simili-état de siège, c'est son chef d'état-major général qui a évoqué un espoir de «dialogue, mardi matin.

«Je nous vois arriver rapidement à une solution», a déclaré à la télévision le général Romeo Vasquez Velasquez, un des acteurs principaux du coup d'Etat du 28 juin et de l'expulsion de M. Zelaya, qui avait été arrêté au saut du lit et expédié en pyjama dans un avion à destination du Costa Rica.

Peu après, des chefs d'entreprises influents au Honduras ont présenté un plan de sortie de crise qui marque un changement de ton de la part du patronat. Celui-ci avait soutenu le gouvernement putschiste dès le coup d'Etat du 28 juin contre M. Zelaya, élu comme candidat de droite fin 2005, mais auteur d'un coup de barre à gauche l'an dernier.

Ce plan prévoit son retour à la présidence, mais avec des pouvoirs restreints et la garantie qu'il se présente devant la justice qui l'accuse de nombreux délits, a expliqué à l'AFP le leader de ce groupe de chefs d'entreprises, Adolfo Facussé.

Il propose également l'envoi d'une force militaire internationale pour encadrer l'accord.

Le plan s'inscrit dans le cadre de la proposition de règlement de crise du président costaricien Oscar Arias, fondée sur le retour au pouvoir de M. Zelaya à la tête d'un gouvernement d'union nationale, une hypothèse rejetée catégoriquement par M. Micheletti jusqu'ici.

Lundi soir, le gouvernement putschiste avait fait un pas en avant en invitant des membres d'une mission de médiation de l'Organisation des Etats américains (OEA) à venir au Honduras, après les avoir expulsés la veille, à leur arrivée à Tegucigalpa.

Il avait présenté des excuses et proposé à cette mission exploratoire de revenir vendredi pour préparer la venue le 7 octobre d'une délégation de ministres des Affaires étrangères de la région.

Malgré ces avancées, l'armée continuait d'encercler l'ambassade du Brésil à Tegucigalpa, où le président déchu est réfugié depuis son retour clandestin au pays, le 21 septembre.

M. Micheletti n'est pas revenu non plus sur ses menaces de retirer au Brésil le statut diplomatique de son ambassade, ni sur la fermeture des deux principaux médias d'opposition au gouvernement putschiste, Radio Globo et la chaîne 36 de télévision, en vertu du décret restreignant les libertés.

Amnesty International a appelé le président putschiste à abroger au plus vite son décret, estimant que «le Honduras risque d'être précipité dans une spirale de non droit».

Au sein de la communauté internationale, qui soutient M. Zelaya depuis le coup d'Etat, les Etats-Unis avaient créé lundi un rebondissement.

L'un de leurs représentants à l'OEA, Lewis Amselem, avait rappelé à l'ordre le président déchu, qualifiant son retour d'«irresponsable et idiot». Une position opposée à celle de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, qui avait estimé que ce retour constituait une chance de résoudre la crise.

Mais Washington a affirmé mardi qu'ils ne s'agissait pas d'un revirement. «Nous avons dit tout au long de la crise que les parties devaient agir de façon constructive et éviter les déclarations provocantes, ou les actions susceptibles de déclencher la violence et d'empêcher la résolution de la crise», a déclaré Philip Crowley, un porte-parole du département d'Etat.

A Tegucigalpa, les partisans de M. Zelaya prévoyaient de nouvelles manifestations mardi, 24 heures après avoir été empêchés de défiler par la police.