À la veille du huitième anniversaire des attentats du 11 septembre, le détournement d'un avion au Mexique a causé beaucoup d'émoi hier après-midi. Mais en moins d'une petite heure, les otages avaient été libérés et cinq suspects arrêtés, dont un pasteur bolivien qui aurait détourné l'avion pour transmettre un message de Dieu au président mexicain.

Le vol 576 d'Aeromexico, avec quelque 100 passagers à son bord, a quitté la station balnéaire de Cancún à destination de Mexico à 11h40 hier. Au cours du vol, des hommes ont pris le contrôle de l'avion et demandé à parler au président mexicain, Felipe Calderon, sans quoi ils menaçaient de faire exploser l'appareil. Selon des médias mexicains, ils auraient brandi une boîte dans laquelle ils disaient dissimuler l'explosif. Le Boeing 737, qui a atterri à l'aéroport international Juarez sans heurt au début de l'après-midi, a vite été encerclé par un important dispositif de sécurité. Plusieurs passagers auraient alors réalisé que quelque chose ne tournait pas rond. «Avant de voir la police fédérale sur le tarmac, on ignorait que notre avion était détourné, a dit à la télévision mexicaine une des passagères, Adrianna Romera. Les pirates de l'air ne se sont pas adressés à nous. Le pilote nous a simplement demandé de rester calmes.»

Devant les caméras de télévision, qui diffusaient la scène en direct, des agents de la police fédérale mexicaine ont pénétré à l'intérieur de l'avion quelque 45 minutes après son atterrissage. En moins de 15 minutes, tous les passagers ont été évacués. L'équipage a pu quitter l'avion quelques instants plus tard.

Mission divine

Les autorités ont arrêté sur-le-champ cinq suspects, qui ont défilé, menottés, sur le tarmac. En fin d'après-midi, le secrétaire de la Sécurité publique du Mexique, Genaro Garcia Luna, a affirmé que le chef des pirates de l'air est un pasteur d'origine bolivienne, José Mar Flores Pereira.

Cachant à peine sa colère, le ministre a expliqué que M. Pereira a détourné l'avion pour transmettre un message de Dieu au président mexicain. «Il a eu une révélation que le Mexique allait connaître un danger, un tremblement de terre», a expliqué hier M. Garcia Luna. «Cet homme a déjà purgé une peine à la prison de Santa Cruz de la Sierra», a précisé le ministre.

Selon la police mexicaine, José Mar Flores Pereira «habite au Mexique depuis 17 ans, il est alcoolique et toxicomane».

À la suite de l'incident d'hier, des questions ont été soulevées sur les mesures de sécurité en vigueur dans les aéroports mexicains. Mais selon un expert de la sécurité aérienne interrogé par La Presse hier, rien ne porte à conclure qu'il y a eu manquement à ce chapitre. «Ça me semble être surtout une prise d'otages de bouffons. Un hold-up avec un couteau à patates», ironisait hier soir Daniel Adams, de Skyjet Aviation à Québec. «Les aéroports de Mexico et de Cancún sont habitués à gérer un grand trafic aérien. Les mesures de sécurité qui y sont en place sont assez standard», note-t-il.

Depuis le 11 septembre 2001 et le resserrement des mesures de sécurité dans les aéroports, les détournements d'avion se sont faits plutôt rares. Dans les années 60 et 70, ce genre d'actes terroristes, souvent accompagnés de revendications politiques, pouvaient se produire jusqu'à 40 fois dans une année. Le plus long détournement a eu lieu en 1970. Des militants palestiniens avaient pris le contrôle d'un avion de la compagnie El Al. La prise d'otages de 22 passagers a duré 40 jours.