Un important quotidien cubain a dénoncé dimanche «l'obsession maladive» de fonctionnaires ou responsables qui censurent l'information et empêchent l'analyse des problèmes sous prétexte de «protéger l'image du pays».

«L'obsession maladive de protéger l'image du pays, d'un ministère ou d'une entreprise» est «plus fréquente que la préoccupation face aux difficultés réelles», a estimé Juventud Rebelde, abordant ainsi un thème très rarement traité.

Cette tendance tient «parfois de la paranoïa» afin de conserver son poste ou sa charge «alors qu'il ne s'agit que d'améliorer la réalité», a ajouté le journal.

«Le socialisme européen a disparu parce qu'il a perdu de vue ce qui ce passait réellement et a égaré la boussole pour rectifier la route. Cette leçon ne doit pas être oubliée», a souligné le quotidien.

À Cuba, la presse est contrôlée par l'État et les erreurs sont généralement passées sous silence sous prétexte de maintenir l'unité face aux États-Unis et aux anti-castristes.

Mais depuis que Raul Castro a remplacé il y a trois ans son frère malade, Fidel, à la présidence, des critiques sont apparues en dépit des résistances de la bureaucratie.

«Notre socialisme a besoin d'être observé systématiquement loin des images d'Epinal, ou de la fausse prétention d'être le meilleur (système) au monde», a poursuivi le journal.

Parfois cette attitude «correspond à une erreur très répandue que beaucoup assument sans doute de bonne foi : les problèmes (du pays, d'un ministère ou d'une entreprise) ne doivent pas être révélés publiquement parce qu'ils affaiblissent les conquêtes réelles de la Révolution», poursuit Juventud Rebelde.

«Et cet aveuglement qui encourage les opportunistes ou les paresseux qu'ils aient un poste de responsabilité ou non, risque d'alimenter le sentiment que tout va bien», ajoute le journal.