Le nombre de morts de la grippe A(H1N1) a doublé en l'espace de quinze jours en Argentine, pour dépasser les 300, signe que la propagation du virus A(H1N1) ne faiblit pas en Amérique latine, région la plus touchée par la pandémie en plein hiver austral.

Cette annonce porte le bilan régional à près de 900 décès et survient une semaine après une vague de froid polaire, qui a touché l'ensemble du cône sud de l'Amérique latine (Argentine, Chili, Uruguay, sud du Brésil), avec quelques chutes de neige en plaine, peu fréquentes dans cette région.

L'Amérique latine concentre l'immense majorité des 1154 morts enregistrées à l'échelle mondiale par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Un total communiqué, il est vrai, quelques heures avant la publication des derniers chiffres argentins, qui font état de 337 victimes, contre 165 il y a deux semaines.

«Nous avons environ 400 cas similaires de plus, qui pourraient être confirmés», a en outre prévenu mercredi le vice-ministre argentin de la Santé, Maximo Diosque, à la télévision.

S'ils le sont, l'Argentine deviendrait le pays le plus endeuillé du monde par la maladie, devant les États-Unis (353 morts).

Elle détient déjà le record du nombre de malades, avec plus de 700 000 personnes infectées par le virus A(H1N1) selon M. Diosque

«Depuis le début de la pandémie, 762 711 cas de syndrome grippal ont été déclarés (en Argentine). Nous savons que 93% de ces cas proviennent (de la souche) A(H1N1)», a-t-il précisé.

L'OMS ne fait état que de 162 380 malades dans le monde au 31 juillet, mais elle précise que les données qu'elle publie sont très en dessous de la réalité, étant donné que les pays les plus touchés ne sont plus tenus de procéder à des analyses et statistiques systématiques des malades.

Pour l'ancien directeur de l'institut argentin de veille sanitaire, Emilio Santabaya, le pays connaît actuellement «le pic de l'épidémie de grippe A(H1N1)».

Néanmoins, l'Argentine a enregistré «une diminution de nombre de cas graves», a précisé M. Diosque.

Les activités reprennent d'ailleurs leur cours normal dans le pays: neuf millions d'écoliers et d'étudiants ont ainsi recommencé à aller en cours lundi après des vacances d'hiver prolongées pour essayer d'enrayer la propagation du virus.

Les voisins de l'Argentine sont eux aussi fortement affectés par la pandémie.

Le Chili a enregistré 87 décès, l'Uruguay 25 - pour seulement 3,5 millions d'habitants - et le Brésil ne cesse de revoir son bilan à la hausse. Le dernier chiffre annoncé mardi faisait état de 129 morts.

Dans le même temps, le gouvernement brésilien a annoncé qu'il allait acheter 18 millions de doses de vaccins contre la grippe A(H1N1) et envisageait d'acquérir quinze millions de doses supplémentaires l'année prochaine.

Plusieurs pays de la région ont par ailleurs plaidé pour un accès équitable aux traitements, de peur que les vaccins ne soient préemptés par les pays riches.

Au Mexique, foyer de la pandémie en avril, le nombre de morts est relativement stable (146 au dernier bilan), mais 1000 nouveaux cas de la maladie ont été identifiés en l'espace de cinq jours, notamment dans l'État pauvre du Chiapas, dans le sud du pays.

Le ministère de la Santé assure néanmoins que la majorité d'entre eux «correspond à des cas déclarés en juillet» et assure que la pandémie est actuellement maîtrisée.