Cuba se serre un peu plus la ceinture. Comme on s'y attendait, le président Raul Castro a annoncé samedi une nouvelle série de mesures destinées à lutter contre la crise économique, avec des restrictions budgétaires dans les domaines de l'éducation et de la santé, secteurs qui font pourtant la fierté du régime castriste.

Jugeant le volet dépenses «tout simplement ingérable», le frère cadet des Castro a expliqué que les écoles en milieu rural seraient réorganisées et le système de santé réévalué à la recherche d'économies. Sans entrer dans les détails, il a expliqué que des élèves et enseignants des campagnes seraient réaffectés dans les villes, histoire d'économiser le coût du transport pour 5000 enseignants sur de longs trajets.

Pas question pour autant de «rétablir le capitalisme à Cuba» ni de «renoncer à la révolution», a ajouté Raul Castro devant les élus du Parlement cubain, à l'occasion de l'une de ses deux sessions annuelles. «J'ai été élu pour défendre, construire et perfectionner le socialisme, pas pour le détruire», a-t-il lancé dans un tonnerre d'applaudissements.

Le système de santé pour tous, l'éducation gratuite, le logement assuré et le carnet de rationnement alimentaire sont la base du système communiste cubain.

Les députés ont en outre créé un nouvel organe d'État, l'Inspection générale, qui aura pour tâche de lutter contre la corruption et mieux contrôler les affectations de fonds.

Vendredi, le comité central du Parti communiste cubain avait déjà révisé à la baisse ses estimations de croissance annuelle pour 2009: auparavant évaluée à 2,5%, elle n'est plus désormais que de 1,7% pour l'année en cours. Et, signe supplémentaire de la crise, il a également décidé de suspendre indéfiniment la tenue du premier congrès du PCC depuis 1997, annoncé théoriquement pour le second semestre 2009.

Trois cyclones ont causé plus de dix milliards de dollars de dégâts sur l'île caraïbe l'été dernier et la situation s'est aggravée avec la récession mondiale.

En outre, si le nombre de touristes venant à Cuba reste tout aussi important, les revenus du tourisme sont en baisse d'environ 10% en 2009, du fait d'une nouvelle manière de voyager, selon le ministre du Tourisme Manuel Marrero. Les touristes «viennent moins longtemps, essaient de venir avec des remises importantes et cela fait baisser les revenus».

Raul Castro s'est par ailleurs redit prêt à discuter avec Washington, notant «une baisse dans l'agressivité et la rhétorique anti-cubaine» depuis l'arrivée aux commandes de l'équipe Obama. Mais cela sans «négocier notre système politique ou social», a-t-il ajouté, en réponse à la secrétaire d'État Hillary Clinton qui a dit vouloir voir des réformes à Cuba avant d'avancer sur le chemin de la normalisation.