Le président cubain Raul Castro a prévenu samedi Washington et Bruxelles qu'il n'avait pas pris la relève de son frère Fidel pour «restaurer le capitalisme» à Cuba, en réitérant sa disposition à «parler de tout», sauf du système politique et social de l'île communiste.

Lors de son discours de clôture de la séance parlementaire axé en grande partie sur les graves difficultés économiques du pays, Raul Castro a toutefois reconnu les tares du «socialisme» cubain, «où parfois deux plus deux font trois».

Mais il a souligné que ce système politique et social dirigé par un parti unique n'était pas négociable, contrairement à ce que réclament selon lui la secrétaire d'Etat américain Hillary Clinton et l'Union européenne.

«Je me vois dans l'obligation, avec tout le respect qui lui est dû, de répondre à Mme Clinton, mais aussi à l'Union européenne qui réclame des gestes unilatéraux pour démonter notre régime social et politique», a déclaré Raul Castro, 78 ans, qui a pris il y a trois ans la relève de son aîné, malade.

«On ne m'a pas élu président pour restaurer le capitalisme à Cuba ni pour renoncer à la Révolution», a-t-il martelé sous les applaudissements des députés.

«J'ai été élu pour poursuivre et perfectionner le socialisme, non pour le détruire. C'est quelque chose qui doit être très clair», a-t-il ajouté.

Raul Castro a réitéré sa disposition à ouvrir avec Washington un «dialogue respectueux, entre égaux».

«Nous sommes prêts à parler de tout, mais pas à négocier sur notre système politique et social. Nous devons respecter nos différences», a-t-il dit en déplorant par ailleurs que l'embargo américain soit «toujours intact» depuis l'arrivée à la Maison blanche de Barack Obama en janvier.

Il a affirmé que les mesures «positives, bien qu'infimes», prises par Barack Obama, n'étaient toujours pas mises en application. Le président américain a décidé en avril de lever les restrictions sur les voyages et envois de fonds de Cubains-Américains vers leur pays d'origine.

Raul Castro a enfin de nouveau réclamé la «restitution inconditionnelle» du territoire de la base navale de Guantanamo (sud-est de Cuba), seul endroit à Cuba où, depuis la Révolution de 1959, «la torture a été appliquée», selon lui.

Cuba a repris l'an dernier sa coopération avec l'UE, suspendue depuis cinq ans, à la suite de la levée de sanctions européennes.

L'UE avait décidé en juin de lever ces sanctions, décidées après une vague d'arrestations de dissidents, pour encourager le nouveau président Raul Castro à faire des progrès en matière de démocratie.

Raul Castro a par ailleurs appelé ses compatriotes «à économiser tout ce qu'ils peuvent» alors que le pays, à court de devises, traverse sa pire crise économique depuis les années 1990.

L'effondrement sur les marchés mondiaux des prix du nickel, principal produit d'exportation cubain, la baisse des recettes liées au tourisme et le passage de trois ouragans ayant causé l'an dernier pour 10 milliards de dollars de pertes, soit 20% du PIB, sont notamment responsables de cette situation.

Le Parlement, qui se réunit deux fois l'an, a notamment approuvé lors de cette séance la création d'un Bureau général de contrôle des comptes pour lutter contre la corruption. Ce bureau dépendra directement du Conseil d'Etat dirigé par Raul Castro.