Le président destitué Manuel Zelaya est revenu samedi à la frontière nicaraguayenne du Honduras, où un de ses jeunes partisans venus l'attendre a été retrouvé mort, après avoir été arrêté la veille par la police, selon ses compagnons.

M. Zelaya a passé plusieurs heures au poste de Las Manos où il avait fait vendredi une brève incursion au Honduras mais a circulé aussi en voiture le long de la frontière.

Annonçant son intention de revenir dimanche, voire de camper quelques jours à la frontière, il a regagné en début de soirée le village d'Ocotal, au Nicaragua, où il avait passé la nuit précédente.

Il y retrouvera peut-être son épouse, à qui le chef de l'armée du Honduras a proposé un avion pour qu'elle le rejoigne de l'autre côté de la frontière.

Les partisans de M. Zelaya qui manifestaient vendredi au Honduras à El Paraiso, à 10 km de la frontière, où ils étaient bloqués par la police et l'armée, ont dénoncé la mort d'un des leurs, arrêté par la police et dont le corps a été découvert samedi, près d'un champ.

La police, qui avait lancé des grenades lacrymogènes pour contenir les manifestants, a nié avoir tué le jeune homme. Il avait bien été arrêté, mais seulement parce qu'il fumait de de la marijuana, et il avait été remis en liberté, a affirmé un inspecteur.

«Pour l'erreur d'un homme, ce sont les autres qui paient», a commenté M. Zelaya à l'adresse de Roberto Micheletti, le chef du gouvernement de facto qui l'a chassé le 28 juin.

«Nous organisons la résistance», a-t-il déclaré, de retour à Las Manos, mais en restant à une centaine de mètres de la frontière.

«Vous ne pouvez gouverner ce pays à la baïonnette, de même que je ne pourrais gouverner moi-même si nous ne trouvons pas un arrangement», avait-il déclaré dans la matinée à l'adresse du gouvernement de facto à l'antenne de la radio hondurienne Radio Globo.

Des centaines de ses partisans sont revenus l'attendre samedi, là où il avait fait quelques pas la veille en territoire hondurien, sans être arrêté comme il en est menacé.

Ils ont bravé le couvre-feu, à nouveau prolongé jusqu'à dimanche 06h00 locales (08h00 HAE), et malgré quelque 3000 militaires et policiers déployés pour les contenir.

Le chef du régime de facto de Tegucigalpa, Roberto Micheletti, avait qualifié vendredi d'«irresponsable» la démarche de Manuel Zelaya et affirmé que s'il «rentrait au Honduras il serait, comme le veut la Constitution, arrêté par la police nationale et non par les militaires», pour trahison et corruption.

Vendredi, les forces de l'ordre avaient pourtant fait quelques pas en arrière quand M. Zelaya a pénétré sur le sol hondurien, son emblématique chapeau sur le crâne.

M. Zelaya était parti jeudi de Managua, au lendemain de l'échec d'ultimes négociations entre les deux parties au Costa Rica, le gouvernement de facto refusant toujours son retour au pouvoir.

Les États-Unis, qui ont fermement soutenu cette médiation, ont jugé la tentative de retour au Honduras du président Zelaya «imprudente», par l'intermédiaire de la secrétaire d'État Hillary Clinton.

«Elle ne contribue pas à l'effort général engagé pour rétablir la démocratie et l'ordre constitutionnel au Honduras», a estimé la chef de la diplomatie américaine, appelant M. Zelaya à «accepter» les dernières propositions du médiateur costaricien Oscar Arias, présentées mercredi.

M. Zelaya a démenti avoir prévu de se rendre mardi à Washington pour des discussions avec l'administration américaine, comme l'avait annoncé un porte-parole du département d'État. «Si on veut me parler, qu'on m'envoie un délégué ici à la frontière», a-t-il dit à la chaîne de télévision vénézuélienne Telesur.