La diffusion vendredi en Colombie d'une vidéo non authentifiée à ce stade, où l'on aperçoit le chef militaire de la guérilla des Farc évoquant un financement électoral de la campagne du président équatorien Rafael Correa, a fait encore monter la tension déjà forte entre les deux pays.

Selon le parquet colombien, cet enregistrement a été découvert le 29 mai dans l'ordinateur d'une combattante de la guérilla, saisi par la police et montre Jorge Briceno, alias Mono Jojoy, évoquant longuement la mort du fondateur de la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes) Manuel Marulanda, en mars 2008.

«Des ordinateurs ont été découverts et dans ces ordinateurs des fragments de vidéo qui durent une heure. Sur les images ont voit le «Mono Jojoy» (chef militaire de la guérilla, ndlr) qui évoque la mort de Manuel Marulanda (le fondateur, ndlr) et dit que celui-ci, quatre jours avant sa mort, avait fait part de son inquiétude, car les secrets des Farc étaient à découvert», a déclaré à l'AFP le porte-parole du parquet général.

Manuel Marulanda faisait alors référence, selon cette source, à la découverte par l'armée colombienne dans un ordinateur ayant appartenu au numéro deux des Farc Raul Reyes de nombreuses informations sur la guérilla.

«Parmi les secrets révélés, il évoque un apport en dollars à la campagne de Correa», a poursuivi cette source.

«Le parquet antiterroriste a entre ses mains un rapport de la police judiciaire qui a étudié cette vidéo», a ajouté le porte-parole du parquet.

Vendredi après-midi, plusieurs télévisions colombiennes ont diffusé des extraits de l'enregistrement.

Bien qu'aucune source officielle n'ait déclaré que le document avait été autentifié, la diffusion a suscité une réaction rapide de Quito, qui a nié tout financement par les Farc.

«Aucune des campagnes du mouvement Pais (parti du président) n'a reçu de contribution et (ce mouvement) n'a eu ni n'a de liens qui lui permettent de recevoir de financement» des Farc, a déclaré le ministre de l'Intérieur Miguel Carvajal à l'AFP.

«Nous devons vérifier la source (de cette information) car nous avons beaucoup d'expérience sur cette campagne de montages de la part de la Colombie, qui cherche à montrer des liens entre le gouvernement équatorien et les Farc», a-t-il ajouté.

La révélation du contenu de cette vidéo intervient alors que les relations diplomatiques entre les deux pays sont rompues depuis plus d'un an, suite au bombardement par l'armée colombienne d'un camp des Farc en territoire équatorien, le 1er mars 2008.

Vingt-cinq personnes avaient été tuées dans ce bombardement, dont le numéro deux de la guérilla Raul Reyes.

La vidéo est également évoquée publiquement alors qu'un juge équatorien a récemment lancé un mandat d'arrêt contre l'ex-ministre colombien de la Défense, Juan Manuel Santos, possible candidat à la présidentielle de 2010 en Colombie, pour avoir ordonné cette attaque.

Côté équatorien, un ancien ministre de l'Intérieur de Rafael Correa, Gustavo Larrea, est accusé par Bogota d'avoir été en contact avec la guérilla.

L'un de ses ex-vice-ministres, Jose Chauvin, a pour sa part admis s'être réuni à sept reprises avec Raul Reyes pour oeuvrer en faveur de la libération des otages de la guérilla colombienne.

Or, parmi les conditions posées par Quito pour renouer les liens avec Bogota figurait l'exigence de la fin des soupçons exprimés publiquement par la Colombie sur l'éventuelle proximité de l'Equateur avec les Farc.