La crise politique au Honduras provoquée par le coup d'Etat qui a renversé le président Manuel Zelaya est entrée dimanche dans sa troisième semaine, sans espoir immédiat d'une solution, malgré la levée du couvre-feu par le gouvernement de facto.

L'équipe de transition dirigée par Roberto Micheletti, non reconnue par la communauté internationale, refuse toujours catégoriquement le retour de M. Zelaya, évincé pour avoir voulu organiser une consultation populaire malgré le veto de la Cour suprême. Son objectif était notamment de réformer la constitution pour autoriser la réélection du chef de l'Etat.

Après l'échec d'une première tentative de médiation au Costa Rica, jeudi et vendredi, le dialogue pourrait reprendre «dans une huitaine de jours», a espéré samedi le président costaricien Oscar Arias, alors que le pape Benoit XVI a lancé un appel dimanche au «dialogue et à la réconciliation».

A Tegucigalpa, les autorités ont justifié la «suspension du couvre-feu», qui était en vigueur depuis le 28 juin, par le fait que ses «objectifs» avaient été «atteints», malgré des jets de grenades contre deux bâtiments publics dans la nuit.

Les autorités continuent par ailleurs à exercer un contrôle relatif sur les médias. Des journalistes de la chaîne latino-américaine Telesur, dont le siège se trouve au Venezuela, ont en outre affirmé dimanche avoir été brièvement placés en garde à vue et menacés par les forces de l'ordre.

Une accusation démentie par le gouvernement de facto, qui a dénoncé à plusieurs reprises les tentatives d'ingérence du gouvernement socialiste du Venezuela, proche allié de M. Zelaya.

Celui-ci est retourné à Washington samedi pour rencontrer le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), Jose Miguel Insulza, et le secrétaire d'Etat adjoint américain pour l'Amérique latine, Thomas Shannon.

Les Etats-Unis, qui abritent une nombreuse diaspora hondurienne et ont toujours une base au Honduras, ont dénoncé le coup d'Etat mais ont pour l'instant laissé l'initiative diplomatique à l'OEA et au Costa Rica. Ils ont aussi coupé une partie de leur aide au Honduras et menacé de geler le reste.

Le président vénézuélien Hugo Chavez leur a encore demandé d'aller plus loin dimanche, en évacuant notamment leur base de Palmerola.

«Faites-le, Obama, et montrez ainsi que vous ne soutenez pas le coup d'Etat! Si vous ne le faites pas, c'est que vous soutenez le coup d'Etat», a déclaré le dirigeant socialiste, qui a déjà demandé à Washington de geler les comptes de «l'usurpateur» Micheletti et des autres «putschistes».

M. Chavez a lui-même coupé le robinet du pétrole au Honduras, qui doit en outre se passer de 200 millions de dollars de crédits gelés par la Banque mondiale et de la Banque interaméricaine de développement.

La ministre des Finances du gouvernement de facto, Gabriela Nunez, a cependant assuré vendredi que le système financier n'avait aucun problème de liquidités.

Malgré la crise, Tegucigalpa retrouve un semblant de vie normale: des commerces ont rouvert et les habitants se promènent à nouveau dans les parcs.

Les manifestations des partisans de M. Zelaya ou de M. Micheletti ont baissé d'intensité. Quelque 2 000 personnes se sont toutefois rassemblés dimanche sur la place centrale de la capitale pour réclamer le retour du président déchu.