L'ancien président argentin Nestor Kirchner a renoncé à diriger le parti péroniste au pouvoir après la débâcle de ce parti la veille aux élections législatives de mi-mandat, en soulignant que cette décision était «irréversible», a annoncé lundi l'agence officielle Télam.

M. Kirchner, époux de la présidente Cristina Kirchner, a démissionné de la présidence du parti justicialiste (PJ) et a demandé à son co-listier et gouverneur de la province de Buenos Aires, Daniel Scioli, de «relever le défi d'assumer la conduite du pari», selon l'agence officielle.

L'ancien chef d'État (2003-2007), élu député dimanche, a été battu dans la province de Buenos Aires par son rival Francisco De Narvaez, qui incarne le retour au sein du parti péroniste des idées néo-libérales. La province de Buenos Aires, où votent 40% des électeurs, est hautement symbolique pour le péronisme.

Surtout, son parti a perdu la majorité dans les deux chambres et essuyé une défaite dans les principales circonscriptions. Le parti péroniste de M. Kirchner a perdu également dans la capitale, dans les autres provinces importantes du pays : Santa Fe, Cordoba et Mendoza et même dans son propre fief, Santa Cruz (sud).

M. Kirchner devait l'emporter dans la périphérie de Buenos Aires pour pouvoir relativiser sa défaite au Congrès. Il savait que dans les principales villes (Buenos Aires, toujours antipéroniste, Rosario et Cordoba, liées au monde rural) et dans les campagnes, son camp serait en difficulté.

À l'issue des élections législatives de mi-mandat, l'opposition représente 70% de l'électorat contre seulement 30% pour le parti au pouvoir, même si elle demeure éclatée entre péronistes de droite déçus du kirchnérisme, sociaux-démocrates, socialistes et partis minoritaires de gauche.

Le parti au pouvoir va devoir bâtir des nouvelles alliances pour pouvoir gouverner. Pour la première fois, les Kirchner étaient arrivés aux élections dans un contexte économique défavorable. L'Argentine est entrée en récession selon les économistes, qui contestent les chiffres du gouvernement.

M. Kirchner avait donc dramatisé les enjeux, mettant en garde contre «un retour au chaos de 2001», la pire crise économique de l'histoire argentine.

Il avait aussi convaincu son épouse d'avancer la date des législatives d'octobre au 28 juin pour prendre de court l'opposition et avait déclenché une polémique en avançant des candidatures «bidon» de gouverneurs et de maires déjà en fonctions, n'ayant pas l'intention de renoncer à leur poste s'ils sont élus.

Cette dernière opération lui avait permis de faire campagne avec le très populaire Daniel Scioli, son ancien vice-président, à qui il a demandé lundi, selon l'agence officielle, de prendre la tête du péronisme, de renoncer à la députation et de garder son poste de gouverneur.