L'Alliance bolivarienne pour les Amériques (Alba), bloc antilibéral, a apporté son soutien au régime de Téhéran, dans le sillage du président vénézuélien Hugo Chavez, qui voit la main de la CIA dans les manifestations contre le résultat de la présidentielle iranienne.

L'Alba, créée en 2004 par Cuba et le Venezuela pour contrecarrer le projet d'une Zone de libre-échange des Amériques (Zlea), promu par les États-Unis, réunit désormais les autres ténors de la gauche radicale latino-américaine (Bolivie, Nicaragua et Equateur).

Dans la déclaration finale de son sixième sommet, mercredi à Maracay, à 80 km à l'ouest de la capitale vénézuélienne Caracas, l'organisation a apporté son «soutien à la révolution islamique en Iran, aux institutions de la République islamique d'Iran et au gouvernement du président Mahmoud Ahmadinejad».

Les dirigeants de l'Alba ont également dénoncé «l'ingérence extérieure et la campagne de discrédit contre ce pays».

Un peu plus tôt, M. Chavez, proche de Téhéran et qui fut l'un des premiers à féliciter son homologue iranien Mahmoud Ahmadinejad pour sa réélection, était allé plus loin en accusant l'agence de renseignement américaine (CIA) de jouer un rôle dans le mouvement de contestation en Iran.

«Les gens sont dans la rue, il y a des morts, ils ont des snipers, et derrière tout cela, il y a la CIA et la main impériale des pays européens et des États-Unis», a déclaré le président vénézuélien, 24 heures après que le ministre iranien de l'Intérieur eut accusé la CIA de financer les «émeutiers».

Depuis le début des manifestations, les Européens ont critiqué le régime iranien, plusieurs pays évoquant des fraudes lors du scrutin du 12 juin.

Après une approche initiale plus prudente, le président américain Barack Obama a durci le ton mardi contre Téhéran en condamnant notamment la répression des manifestations post-électorales, qui a fait au moins 17 morts, selon les médias officiels, et en rejetant les accusations d'ingérence.

Le soutien de M. Chavez à Téhéran n'est pas récent. Le président vénézuélien est l'un des rares dirigeants à soutenir le programme nucléaire iranien.

L'Iran et le Venezuela, membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), ont en outre considérablement renforcé leurs relations ces dernières années avec la signature d'une trentaine d'accords de coopération.

La coopération s'est traduite par plus de 200 projets d'investissements d'un montant supérieur à 7 milliards de dollars en 2007, selon le Conseil national de promotion des investissements vénézuélien (Conapri).

Mardi, le président progressiste du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva, qui tente d'incarner une diplomatie pragmatique en Amérique latine, avait de son côté estimé peu probable l'existence de fraudes lors du scrutin iranien et appelé au dialogue pouvoir et opposition.

«Au Brésil, nous sommes habitués à ce qu'il y ait des fraudes électorales quand il y a une différence de 1 ou 2% mais avec un résultat de 62% contre 30%, il semble difficile qu'il y ait eu fraude», a déclaré Lula.