La dissidente cubaine Hilda Molina a qualifié vendredi d'«acte civilisé» la décision du gouvernement cubain de l'autoriser à quitter ce pays pour se rendre en Argentine, après 15 ans de refus.

«Il s'agit d'un acte civilisé, logique et rationnel», a déclaré à l'AFP Mme Molina, une neurochirurgienne de 66 ans, qui doit quitter La Havane samedi pour gagner l'Argentine où vivent son fils et sa mère.

«Cela aurait été très mal vu que le gouvernement cubain ne m'autorise pas à voyager (...) parce que ma mère est très malade», a-t-elle dit en précisant que cette dernière, âgée de 90 ans, souffrait d'une «insuffisance cardiaque».

Mme Molina a assuré avoir l'intention de revenir dans son pays mais que son retour dépendait de l'état de santé de sa mère.

A Buenos Aires, la présidente argentine Cristina Kirchner avait elle même annoncé la «très bonne nouvelle» un peu plus tôt et «remercié le geste du gouvernement de Raul Castro».

Mme Kirchner avait effectué en janvier dernier une visite à La Havane où elle avait abordé avec les autorités cubaines le cas de Mme Molina tout en refusant de rencontrer des dissidents.

Un diplomate étranger parlant sous couvert de l'anonymat a estimé qu'il s'agissait d'un «petit geste diplomatique» de Cuba envers l'Argentine qui réclame à l'instar de tous les pays latino-américains la fin de 47 ans d'embargo américain contre l'île et a soutenu la récente levée de la suspension de Cuba au sein de l'Organisation des Etats Américains (OEA).

Interrogé par l'AFP, Elizardo Sanchez, le président de la Commission cubaine pour les droits de l'Homme et la Réconciliation nationale, une organisation illégale mais tolérée, a lui qualifié la décision des autorités cubaines de «grimace sardonique».

«Nous sommes contents pour le médecin, mais cela met en relief la dure situation des droits de l'Homme à Cuba. Le gouvernement refuse de donner des permis pour sortir du pays à des centaines et des centaines de personnes. Ce sont des gens séquestrés», a-t-il affirmé.

Célèbre pour ses travaux en neurochirurgie, Hilda Molina demande depuis 1994 l'autorisation de pouvoir quitter l'île communiste pour rendre visite à son fils, Roberto Quinones, un médecin installé à Buenos Aires et marié à une Argentine.

La mère de Mme Molina, Hilda Morejon, a été autorisée à quitter Cuba pour l'Argentine en mai 2008.