Le gouvernement de Bolivie a démenti mardi toute connexion entre le président Evo Morales -lui même indien aymara et champion de la cause indigène- et les Indiens du Pérou amazonien impliqués la semaine dernière dans des heurts meurtriers avec la police.

«Nous ne pouvons accepter l'injure, la calomnie, l'infamie», a déclaré à la presse le vice-président Alvaro Garcia, faisant allusion à des accusations à Lima de parlementaires péruviens, sur un lien supposé de M. Morales avec les indigènes acteurs des affrontements à Bagua (nord du Pérou).

Un député péruvien du parti au pouvoir, Luis Gonzales Posada, avait appelé lundi à enquêter sur «la connexion bolivienne», évoquant la lettre de soutien envoyée fin mai par M. Morales au Sommet panaméricain indigène, qui se déroulait à Puno (Pérou).

Dans son message, M. Morales avait appelé les indigènes à réaliser, 200 ans après la première «la deuxième et définitive indépendance» de l'Amérique.

Alvaro Garcia s'est indigné que cette lettre, un «document sur la vie et la dignité, un appel aux droits, à l'égalité et à la reconnaissance des peuples, serve de prétexte à la gestion de problèmes intérieurs» d'un gouvernement.

Interrogé sur les relations avec le Pérou, notoirement conflictuelles pour des divergences idéologiques, et après l'asile politique récent accordé à Lima a des ex-ministres boliviens, Garcia a juste exprimé la foi de La Paz en «un esprit de dialogue et de fraternité entre les peuples du continent».

M. Morales, coutumier des sorties cinglantes sur le Pérou et son président Alan Garcia, s'est montré personnellement très discret depuis les violences de Bagua au Pérou.

Seule sa ministre de la Justice, Celima Torrica, avait estimé ce week-end que le gouvernement péruvien était «responsable» des incidents sanglants «qui surviennent quand on n'écoute pas les demandes des indigènes». Cela lui a valu une note de protestation du Pérou.