Les seize premiers corps des 228 victimes du vol AF 447 sont arrivés mardi sur la petite île de Fernando de Noronha, au large des côtes brésiliennes, pour une identification préliminaire.

Paralèllement, Air France, sous la pression des pilotes, a annoncé le remplacement dans les prochains jours des sondes de vitesse de ses Airbus A330 mises en cause dans la catastrophe de l'Airbus A330 Rio-Paris.

Les Marines brésilienne et française, déployées sur la zone du crash, à environ 1 150 km de la côte, ont à ce jour récupéré 41 corps et des pièces importantes de l'avion, comme la dérive et une pointe de l'aile, a annoncé mardi soir l'armée. Le précédent décompte faisait état de 28 corps récupérés.

Sur ce total, seize corps sont arrivés mardi sur l'île de Fernando de Noronha, située à 360 km de la côte brésilienne.

Après avoir été récupérés en haute mer, ils ont été transportés d'abord par la frégate Constituiçao à proximité de l'île, puis dans deux hélicoptères.

Les corps enveloppés dans de grands sacs étaient débarqués, un à un sur un brancard, par des militaires portant des blouses, des masques et des gants chirurgicaux.

Des experts brésiliens ont procédé à de premiers examens d'identification (empreintes digitales, tatouages, radiographie dentaire...) à Fernando de Noronha sur les corps qui devaient être transportés mercredi matin à l'Institut médico-légal de Recife pour des analyses plus poussées, notamment d'ADN.

Interpol a annoncé que l'organisation policière aiderait à coordonner «l'identification des corps des victimes de cette tragédie», originaires de 32 pays.

La France a envoyé quatre experts de la gendarmerie sur le lieu du crash pour faire des constatations ainsi que trois spécialistes de la gendarmerie et deux de la police pour aider aux identifications des victimes.

La recherche des boîtes noires devait commencer mercredi avec l'arrivée attendue du sous-marin nucléaire d'attaque français Emeraude. Le Pentagone a également envoyé deux instruments d'écoute qui peuvent détecter les signaux émis par des boîtes noires à une profondeur allant jusqu'à 6 100 mètres.

Si les boîtes noires sont localisées, les trois robots sous-marins embarqués à bord du navire français Pourquoi Pas, qui a quitté mardi le Cap-Vert, tenteront de les récupérer.

Sans attendre cet élément déterminant, les capteurs de vitesse ou sondes Pitot sont de plus en plus cités comme une des causes possibles de la catastrophe, contraignant Air France à accélérer le programme de remplacement de ces sondes.

Ces sondes déterminent en effet la vitesse de l'avion, une donnée essentielle du vol: en cas de sous-vitesse, l'avion tombe mais s'il va trop vite, il se désintègre.

Une note interne de la compagnie datée de novembre 2008 que l'AFP avait pu consulter lundi, a fait état d'«un nombre significatif d'incidents» liés aux calculateurs de vitesse survenus sur des A330-A340 d'Air France.

Au lieu de quelques semaines, la compagnie française a annoncé qu'elle allait procéder au changement de ces capteurs en «quelques jours», selon le syndicat SNPL, majoritaire chez les pilotes. Deux syndicats minoritaires avaient même appelé le personnel à refuser de voler sur les appareils non modifiés.

Tous les long-courriers A330-A340 d'Air France qui décolleront seront ainsi équipés d'«au moins deux nouvelles sondes» sur les trois qui permettent de surveiller la vitesse des avions, a annoncé le principal syndicat des pilotes de la compagnie.

Air France dispose actuellement d'une quinzaine d'A330 et d'une vingtaine d'A340.

Après la compagnie américaine US Airways, les compagnies aériennes Swiss (groupe Lufthansa) et Qatar Airways ont annoncé qu'elle allaient remplacer les sondes de vitesse Pitot sur leurs A330-A340.