Le président bolivien Evo Morales s'en est pris à la presse de son pays, l'accusant de manipuler les faits et d'abuser de sa liberté, en réponse à un organe de médias panaméricain, qui s'inquiètait d'un climat de «confrontation» entre médias et gouvernement en Bolivie.

«Chaque jour il nous faut supporter un mensonge, une diffamation, une calomnie, un outrage», s'est plaint le chef de l'Etat mercredi soir lors d'une réunion publique avec la Société Interaméricaine de Presse (SIP), qui regroupe des directeurs de médias du continent. «Il n'y a pas seulement la liberté de la presse en Bolivie, il y a du libertinage», a ironisé Morales, qui s'est par ailleurs moqué de reporters agissant comme «les poules d'un poulailler» en conférences de presse.

Le président de la SIP, le Colombien Enrique Santos, a noté la «liberté de la presse» régnant en Bolivie, mais exprimé «la préoccupation (de la SIP) pour certains phénomènes observés, comme la détérioration des relations entre le gouvernement et les medias, un climat de confrontation et de polarisation».

Le socialiste Morales au pouvoir depuis 2006, a eu maintes frictions avec la presse, surtout celle basée à Santa Cruz, capitale économique du pays et fief de l'opposition conservatrice. Il a accusé les médias de «s'opposer systématiquement», et «pour la majeure partie, de mentir et d'être corrompus».

L'association Reporters sans Frontières a condamné à plusieurs reprises par le passé des propos tenus par le président Morales sur les médias.

Dans son rapport 2009, RSF s'est inquiété de «relations restant tendues entre Evo Morales et la presse nationale privée». «Les attaques contre la presse, publique comme privée, ont atteint un niveau préoccupant en 2008», note RSF, dans la lignée d'une polarisation de la vie politique, que «la presse a subi, mais (à laquelle) elle a aussi participé», souligne l'organisation.