Masques recherchés. À la pharmacie, au supermarché, dans les centres de prévention de la maladie : ils sont quasi introuvables. Mexico est en rupture de stock.

Résultat : dès que des fonctionnaires municipaux s'installent au coin d'une rue pour en distribuer quelques-uns gratuitement, c'est la cohue. Les gens se ruent sur eux pour s'en emparer.

Ce genre de scène s'est d'ailleurs déroulé hier matin en plein coeur du centre historique. Au zocalo - grande place publique - derrière un immense panneau indiquant qu'il y avait distribution de masques, cinq employés de la Ville s'affairaient à remettre aux passants ce qui est maintenant devenu une denrée rare dans la capitale fédérale. Quelque 7500 masques étaient disponibles. Or, les fonctionnaires municipaux n'avaient nul besoin d'interpeller les gens puisque ceux-ci s'empressaient d'aller chercher leur masque. Les automobilistes se mettaient aussi de la partie. Ils ralentissaient près d'eux, baissaient leur vitre et prenaient en vitesse ce précieux morceau de tissu qui aiderait à diminuer les risques de propagation du virus.

«Pouvez-vous m'en donner plusieurs?» imploraient la majorité des passants. «Je suis désolé, nous n'en donnons qu'un seul par personne», répondait d'un ton résigné Ezekiel, l'un des employés affectés à la distribution.

Pourquoi rationner ainsi les gens? Nous voulons éviter que certains les prennent pour ensuite les revendre, explique-t-il. Il faut dire que la pénurie de masques - les fameux cubrebocas - a donné lieu au cours des derniers jours à la mise en place d'un véritable marché noir. Des vendeurs ambulants profitent visiblement de la situation pour se remplir les poches. Alors qu'un masque vaut environ 2 pesos, ceux-ci peuvent les revendre de 10 à 25 pesos (de 1$ et 2,50$). Bien que les prix fixés par ces «hommes d'affaires» de la rue soient anormalement élevés, ces derniers réussissent quand même à trouver preneur. «C'est un moment de crise, ce n'est pas un moment pour faire des affaires», se désole Ezekiel.

Il faut dire que les étalages des magasins et des pharmacies ont été complètement vidés. Sur l'avenue Cinco de febrero, dans le centre historique, les cinq pharmacies visitées par La Presse étaient toutes à court de masques depuis quelques jours. Dans la plupart de ces établissements, des pancartes indiquant qu'il n'y avait plus de masques ont été installées pour prévenir les clients, nombreux à passer d'une pharmacie à l'autre dans l'espoir d'en trouver ne serait-ce qu'un seul. Mais hier, ils repartaient tous bredouilles... Pour ajouter au malheur, les employés interrogés dans les comptoirs pharmaceutiques ignorent à quel moment ils en recevront d'autres. «Nous étions supposés recevoir des boîtes aujourd'hui (hier) mais finalement nous n'avons rien eu», répond l'une des préposées.

Confection

Pour remédier à la situation, certains Mexicains ont décidé de fabriquer eux-mêmes leur protège-visage en se procurant dans un magasin le tissu destiné à la conception des masques de chirurgien. À la boutique Parisiana, spécialisée dans la vente de tissus, un petit groupe était réuni autour d'une table où une employée coupait de grands morceaux du précieux matériel. Le tissu se vend 1$ le mètre, ce qui permet de fabriquer une douzaine de masques, indique Teresa Cruz, une cliente qui n'en pouvait plus de chercher en vain dans les pharmacies.

Cette solution pourrait toutefois être de courte durée puisque la Parisiana commence à manquer de tissu et on ignore si les fournisseurs pourront continuer de répondre à la demande.

Éviter de sortir

Par ailleurs, rester à la maison demeure l'un des meilleurs moyens de se protéger du virus, a déclaré le président mexicain Felipe Calderon. Il a ainsi invité ses concitoyens à demeurer chez eux à l'occasion de la longue fin de semaine de la fête des Travailleurs qui commence aujourd'hui. Le ministère du Travail a demandé la suspension des rassemblements de travailleurs qui se tient habituellement dans le centre historique de la capitale fédérale. Rappelons que tous les lieux publics ainsi que les restaurants et cafés sont fermés jusqu'au 5 mai.

Selon le dernier bilan officiel, le virus de la grippe aurait fait 12 morts au Mexique sur 260 cas de contamination. Une augmentation par rapport aux données révélées mercredi qui faisaient état de 8 morts et de 91 patients contaminés. «L'augmentation du nombre de morts ne signifie pas que plus de personnes sont mortes au cours des dernières heures, a souligné le secrétaire fédéral de la Santé, José Angel Cordova, mais que nous avons effectué davantage d'examens.»

Avec l'Agence France-Presse