Le président cubain Raul Castro a déclaré que c'était aux Etats-Unis et non à Cuba de faire «un geste» à l'égard de ce pays sous embargo américain, excluant par ailleurs de dialoguer avec Washington sur le système politique cubain, dans un discours tenu à La Havane.

«Nous avons réitéré que nous sommes disposés à parler de tout avec le gouvernement des Etats-Unis, sur un pied d'égalité, mais non pas à négocier sur la souveraineté ni sur notre système politique et social (...) ni sur nos sujets internes», a déclaré Raul Castro, frère et successeur de Fidel, lors d'une réunion du Mouvement des non-alignés à La Havane.

«Les mesures (d'allègement de l'embargo, ndlr) annoncées récemment par le président (Barack) Obama sont positives mais leur portée est minime. Le blocus reste intact et il n'y a aucun prétexte politique ni moral qui justifie la poursuite de cette politique», a dit le général Castro, 77 ans, en soulignant que ce n'était pas Cuba qui «infligeait des sanctions contre les Etats-Unis ou contre ses citoyens».

«Ce n'est pas Cuba qui empêche les entrepreneurs américains de faire des affaires avec les nôtres (...) ce n'est pas Cuba qui a une base militaire dans le territoire des Etats-Unis», a-t-il poursuivi en référence à la base navale américaine de Guantanamo dans le sud-est de Cuba.

«Et pour ces raisons, ce n'est pas à Cuba de faire des gestes», a conclu le président cubain qui réagissait pour la première fois à une demande en ce sens de Barack Obama.

A Washington, le Département d'Etat américain s'est contenté mercredi de réitérer sa position en faveur d'un dialogue mais à la condition qu'il y ait «des gestes de La Havane pour évaluer le sérieux de ce gouvernement à discuter sur plusieurs sujets».

Le président Obama avait déclaré le 19 avril, à la clôture du Sommet des Amériques, attendre un «geste» de Cuba, notamment une éventuelle libération de «prisonniers politiques», après avoir levé les restrictions sur les voyages et envois de fonds des Cubano-américains dans leur pays d'origine.

Il avait jugé positive une déclaration de Raul Castro qui s'était dit prêt à «discuter de tout» avec Washington, y compris des droits de l'Homme et des prisonniers politiques.

Fidel Castro, 82 ans, était intervenu la semaine dernière pour expliquer dans la presse locale que M. Obama avait «mal interprété» les propos de Raul qui, sur les «prisonniers politiques», voulait en fait, selon le fondateur du régime cubain, réitérer sa disposition à un échange.

Washington avait déjà refusé en décembre un tel échange de prisonniers entre des opposants cubains et cinq agents cubains condamnés en 2001 aux Etats-Unis à de lourdes peines de prison pour espionnage.

La secrétaire d'Etat américain Hillary Clinton avait réagi à la mise au point de Fidel Castro en estimant qu'elle témoignait de dissensions avec son frère sur la direction d'un régime qui est, selon elle, en «fin de course».

Deux rencontres ont eu lieu en avril entre Tom Shannon, secrétaire d'Etat adjoint pour l'Amérique latine, et Jorge Bolanos, chef de la Section des intérêts cubains à Washington, qui fait de facto office d'ambassade, selon le Département d'Etat américain qui a tenté de minimiser l'importance de ce genre de contacts qui ont eu lieu sous les précédentes administrations.

Selon un haut responsable américain cité par le New York Times, ces rencontres sont destinées à «tâter le terrain» pour voir si les Etats-Unis et Cuba peuvent entamer une «relation sérieuse» après 50 ans de confrontation.

Considérée comme une «dictature communiste» par Washington, l'île est sous embargo économique américain depuis 1962.

Elle compte, selon la dissidence, quelque 200 «prisonniers politiques» qui sont considérés par La Havane comme des «mercenaires» à la solde de Washington.