Les Equatoriens ont commencé dimanche à voter pour choisir leurs représentants et élire leur président, un scrutin pour lequel le chef de l'État Rafael Correa, tenant du socialisme du XXIème siècle comme son allié vénézuélien Hugo Chavez, part favori.

Quelque 10,5 millions d'Equatoriens sur 14 doivent se rendre aux urnes entre 07h00 et 17h00 locales, deux ans après l'arrivée au pouvoir de Rafael Correa, 46 ans. Le président, initialement élu pour quatre ans, a remis son mandat en jeu après l'adoption en septembre 2008 d'une nouvelle constitution d'inspiration socialiste.

L'ensemble des 6.000 mandats électifs du pays est également en jeu, notamment les maires et les parlementaires.

Lors de l'ouverture du scrutin, le ministre de l'Intérieur Gustavo Jalkh, a assuré que «la volonté du peuple» serait «absolument respectée».

Les instituts de sondage ont pronostiqué une victoire nette du chef de l'État sortant, qui jouit d'un taux de popularité de près de 60% et pourrait être élu dès le premier tour, en dépit des nuages qui s'ammoncèlent à l'horizon pour l'économie équatorienne, victime de l'effondrement des cours du pétrole, sa principale ressource et de la chute des envois d'argent par les émigrés.

En deux ans, Rafael Correa, qui avait failli ne pas être élu en 2006 -son opposant Alvaro Noboa ayant obtenu 26,8% des suffrages au premier tour, contre 22,8% pour Correa- a assis son autorité dans un pays instable qui a connu sept présidents entre 1996 et 2007, dont trois ont été renversés.

Porté par la flambée des cours du pétrole -jusqu'à 117 dollars le baril de brut équatorien en juin 2008- Rafael Correa s'est occupé des plus pauvres, dans un pays où 38% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Les aides aux plus démunis, à l'éducation, au logement, à la santé se sont multipliées.

À l'étranger, il a aussi fait entendre l'Equateur, jusque-là connu essentiellement pour ses difficultés financières endémiques, ses scandales de corruption et ses éruptions volcaniques.

Cet économiste de gauche a tenu tête aux compagnies pétrolières étrangères, exigeant davantage de dividendes, et a décidé en décembre de déclarer l'Equateur en moratoire sur un tiers de sa dette internationale, soit près de trois milliards de dollars, jugée «illégitime». Il a aussi rompu les relations diplomatiques avec la Colombie, le 3 mars 2008, après le bombardement par celle-ci d'un camp de la guérilla colombienne des Farc en Equateur.

Ses principaux concurrents, le nationaliste et ex-président Lucio Gutierrez (16% des intentions de vote) et le milliardaire Alvaro Noboa (12%), l'ont accusé de dilapider l'argent public sans tenir compte de la crise économique internationale.

L'opposition a également dénoncé l'inéquité de la campagne, marquée selon elle par l'omniprésence du chef de l'État, qui a occupé selon un décompte publié vendredi par un journal critique 1.148 minutes de temps d'antenne, contre 168 pour ses opposants.

Exsangue, elle s'est repliée en fin de campagne sur une stratégie destinée à regagner du poids à l'assemblée, où le parti Alianza Pais de Rafael Correa pourrait remporter, selon les prévisions, jusqu'à 60 sièges sur 124.

«Ils veulent nous enlever l'asssemblée (...) pour nous imposer le libéralisme», a insisté jeudi, lors de la clôture de sa campagne, Rafael Correa.