L'Organisation mondiale de la santé était sur le qui-vive samedi, se disant «très inquiète» de l'apparition d'un virus de grippe porcine qui se transmet d'homme à homme aux États-Unis et au Mexique où il a fait 20 cas mortels identifiés.

Le virus a «clairement un potentiel pandémique» et l'évolution de la situation est «imprévisible», a prévenu la directrice générale de l'OMS Margaret Chan, lors d'une conférence de presse téléphonique, au siège de l'organisation à Genève. Les pays non touchés doivent «accroître leur vigilance», a réclamé Mme Chan, une spécialiste des pandémies, rentrée le matin-même des États-Unis.

Pour elle, ce «nouveau virus» identifié comme A/H1N1 et se transmettant à l'homme constitue «une situation sérieuse».

«Le fait le plus préoccupant est que (le virus) se transmet d'homme à homme», a expliqué à l'AFP un porte-parole de l'OMS, Thomas Abraham, précisant qu'il avait muté «dans des gênes jamais rencontrés auparavant».

«C'est la première fois que nous voyons une souche aviaire, deux souches porcines et une souche humaine», a également relevé le responsable des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies, Dave Daigle qui travaille étroitement avec l'OMS.

Ces caractéristiques, ainsi que le fait que la maladie touche une tranche d'âge inhabituelle pour une grippe - «des jeunes adultes en bonne santé» - font craindre une épidémie grave, rappelant les frayeurs causées par la grippe aviaire.

D'autant que les porcs sont considérés par les experts comme des «creusets» idéaux pouvant donner naissance à une souche très virulente pour l'homme en combinant les matériels génétiques de la grippe porcine et de la grippe aviaire.

Selon l'OMS, ils ont déjà été «impliqués dans l'apparition des nouvelles souches virales responsables de deux des pandémies de grippe du vingtième siècle».

Au Mexique, où 40 décès sont suspects et un peu plus de mille patients placés en observation, les autorités évoquent déjà le terme d'épidémie.

L'alerte a été donnée dans les deux pays concernés, Mexique et États-Unis, où des centres opérationnels d'urgence ont été ouverts. Quant à l'OMS, elle a activé «son centre d'opérations» destiné à la gestion des situations d'urgence.

Pour l'OMS, qui a décidé l'envoi d'une mission spéciale au Mexique, le temps presse car la maladie s'étend géographiquement.

Au Mexique, trois foyers ont été identifiés: le principal dans la capitale Mexico, avec 20 décès dus au virus (18 selon l'OMS), le deuxième dans le centre à San Luis Potosi (24 cas dont trois mortels) et un troisième, plus modeste, à la frontière avec les États-Unis, à Mexicali (quatre cas non mortels).

Preuve de la propagation, la souche détectée sur 12 cas mortels mexicains est «génétiquement identique» à celle découverte en Californie aux États-Unis, pays voisin où huit cas non mortels ont été identifiés, a précisé l'OMS.

De plus, outre la Californie et le Texas, des cas suspects ont été relevés à New-York, où 75 étudiants présentant des symptômes de la grippe ont été soumis à des analystes, selon CNN.

Face à l'urgence, les autorités mexicaines ont ordonné la fermeture totale des écoles et universités de Mexico et de son État. La mairie de la capitale a décidé une campagne massive de vaccination. Les vaccins n'étaient toutefois pas disponibles vendredi, selon des témoignages.

«La vaccination constitue la deuxième étape», a souligné le porte-parole de l'OMS faisant valoir que «la production de vaccin (était) possible dans la mesure où le virus était identifié» mais qu'elle nécessitait «un peu de temps».

En attendant, le Tamiflu, médicament à base d'oseltamivir utilisé contre la grippe aviaire, est efficace pour ce virus, a-t-il précisé.