L'ancien «évêque des pauvres» Fernando Lugo, 57 ans, qui avait créé la surprise en remportant la présidentielle au Paraguay, se trouve aujourd'hui au centre d'un scandale sexuel, alors que trois jeunes femmes ont clamé qu'il était le père de leur enfant.

Une troisième femme a affirmé mercredi à la presse avoir eu un fils, aujourd'hui âgé d'un an et quatre mois, né d'une relation avec le chef de l'Etat, que ses ennuis ont obligé à suspendre une visite aux Etats-Unis.

Evêque jusqu'en janvier 2005 de la localité de San Pedro, région déshéritée à 300 km au nord d'Asuncion, Lugo a renoncé à l'habit en décembre 2007 pour se présenter comme candidat de la gauche à la présidentielle, qu'il a remportée en avril 2008, mettant fin à un règne de 61 ans du parti conservateur.

«Mon fils Jean Paul est le fruit d'une relation avec Fernando Lugo, mais c'est une relation impulsée par un grand amour», a déclaré Damiana Hortensia Moran Amarilla dans un entretien au quotidien ABC, le principal du pays.

Directrice d'une garderie dans un quartier populaire à la périphérie d'Asuncion, cette femme de 39 ans, ex-collaboratrice du diocèse de San Pedro, assure ne rien réclamer au président, pas «même le nom».

Cette nouvelle affaire survient alors que M. Lugo a été accusé lundi, un an jour pour jour après son élection, par l'ancienne femme de ménage du diocèse d'être le père de son garçon de six ans.

Benigna Leguizamon, 27 ans, a exigé qu'il reconnaisse la paternité de son fils Lucas Fernando, né dans la région de San Pedro, sous peine de se tourner vers la justice pour le soumettre à un test ADN.

Selon l'évêque d'Alto Parana, Mgr Rogelio Livieres, Lugo aurait été démis de ses fonctions au diocèse à la suite de «dénonciations écrites» présentées par des femmes.

«Je suis prêt à agir toujours dans le sens de la vérité et me tiens à la disposition de la justice pour toutes les mises en demeure susceptibles de surgir», a répliqué le chef de l'Etat.

La semaine passée, Lugo avait provoqué un choc dans le pays, en reconnaissant avoir conçu un enfant avec Viviana Carrillo, une femme de 26 ans. Le garçonnet aura 2 ans le 4 mai prochain.

«J'assume toutes les responsabilités susceptibles de découler de ce fait, en reconnaissant la paternité de l'enfant», a-t-il déclaré, souhaitant agir «avec honnêteté, en Paraguayen, en chrétien» et «en hommage à toute la population».

Mais le scandale n'a cessé d'enfler. Leguizamon affirme que sa relation avec Lugo a commencé quand elle avait 17 ans. Carrillo en avait 16.

Elle dit avoir «été séduite avec de belles paroles» sous le toit de sa propre mère où Lugo restait dormir, alors qu'elle était chargée de le servir. Un jour qu'elle lui avait poliment demandé : «Monseigneur a-t-il besoin d'autre chose ?», selon elle, il lui aurait répondu : «de toi».

Lundi, lors d'une cérémonie publique à laquelle il assistait, une grande pancarte a surgi où on lisait : «Lugo, papa de tous les Paraguayens». Mal à l'aise, le président s'est dit victime d'une conspiration de l'opposition.

Pourtant, quelques jours auparavant, il s'est repenti, rappelant «que nous pouvons avoir des faiblesses, commettre des erreurs ou mettre de côté à un moment donné nos convictions».

Sans pour autant mettre fin aux plaisanteries scabreuses. «Moi aussi je veux être évêque, où peut-on s'inscrire ?», se moquait-on dans des programmes humoristiques où Lugo est désormais baptisé l'«étalon de la patrie».