L'ancienne otage des FARC Clara Rojas livre sa version des faits et critique sévèrement son ancienne amie Ingrid Betancourt, dont elle fut la directrice de campagne, dans un entretien paraissant jeudi dans Paris-Match.

Libérée après six années de captivité, Clara Rojas assure que «durant la captivité», elle a «connu une autre facette de (l)a personnalité» d'Ingrid Betancourt, «plus sombre». «Ingrid ne sait ni gérer les conflits, ni admettre les différences. Elle est incapable d'accepter qu'il existe d'autres sensibilités que la sienne, qu'un avis différent se respecte sans qu'il soit nécessaire de blesser ou humilier», déplore-t-elle.

«Nous avons progressivement cessé de nous adresser la parole après l'échec de notre seconde tentative d'évasion (...) Peu à peu, j'ai pris mes distances (...) Une barrière s'est installée entre nous», raconte-t-elle. «Les guérilleros en sont venus à nous octroyer séparément ce que l'on demandait pour qu'Ingrid ne me dépouille pas de tout. Qu'ils m'accordent le dictionnaire que je réclamais, et aussitôt elle me le confisquait», ajoute Clara Rojas, libérée en janvier 2008.

Après avoir appris qu'elle était enceinte, sans révéler les circonstances et le nom du père, Clara Rojas déplore que «les civils» par rapport aux otages militaires «se soient comportés avec (elle) comme des hyènes», alors que les otages militaires lui ôôfaisaient parvenir ce qu'ils fabriquaient pour le bébé». «Jamais je n'oublierai que ce sont les plus simples qui m'ont tendu la main».

Présente à la libération d'Ingrid Betancourt en juillet 2008, elle explique qu'«il (lui) paraissait utile de lui raconter (s)on expérience de sortie. Ce n'est jamais facile. Mais elle a été très distante, même pas un 'comment vas-tu?»'.

Aujourd'hui, «il y a des dégâts irréversibles», mais «rien n'est perdu», conclut l'ancienne otage colombienne.