Le président bolivien, Evo Morales, s'est déclaré jeudi en grève de la faim au palais présidentiel, avec des dirigeants syndicaux et sociaux, pour protester contre un retard législatif au Congrès susceptible de menacer la tenue des élections générales de décembre.

«Face à la négligence d'un groupe de parlementaires néo-libéraux nous sommes obligés d'employer cette mesure» de grève de la faim pour protester, a annoncé M. Morales.

«Nous nous déclarons en grève de la faim», ont déclaré M. Morales et des dirigeants du syndicat Central Obrera Boliviana (COB), dans un document diffusé par la coalition de la majorité Coordinadora Nacional por el Cambio (Conalcam).

L'action survient sur fond de session-marathon au Parlement, où un vif débat oppose la majorité et l'opposition de droite sur l'approbation d'une nouvelle loi électorale qui doit permettre la tenue d'élections générales en décembre.

Evo Morales, premier président bolivien d'origine indienne, y sollicitera un deuxième mandat de cinq ans qui l'amènerait jusqu'en 2015.

Le chef de l'Etat part a priori favori, dans la foulée du référendum qui a vu en janvier son projet de nouvelle Constitution approuvé à 61%.

L'action spectaculaire du président illustre le bras de fer constant au sein de la politique bolivienne, où le Mouvement vers le socialisme (MAS) d'Evo Morales domine la Chambre des députés, mais l'opposition de droite contrôle le Sénat.

Cet équilibre est précisement au coeur des différends bloquant l'adoption de la loi électorale: ils portent sur le registre électoral, le vote des Boliviens de l'étranger et le nombre de sièges réservés au Parlement à des minorités indigènes.

L'opposition de droite craint que le parti au pouvoir ne manipule les conditions d'une large majorité législative.

L'annonce de Morales survient alors qu'une commission de haut niveau représentant les deux chambres était jeudi matin en consultations, avec quelque succès, pour rapprocher les positions. Un sénateur du parti au pouvoir a évoqué la possibilité d'un accord dans le courant de jeudi.

Le bras de fer entre MAS et opposition paralyse plusieurs pans de la vie politique et judidiciaire en Bolivie, notamment la Cour constitutionnelle et le Conseil de la magistrature, où le quorum n'est plus atteint depuis l'an passé, faute d'accord au Parlement sur les nominations entre MAS et opposition.