La guérilla colombienne des Farc a commémoré jeudi la mort le 26 mars 2008 de son fondateur Manuel Marulanda alias «Tirofijo», en assurant qu'elle n'est pas défaite en dépit des coups portés, alors que ses attaques semblent s'être multipliées pour marquer son «mars noir».

Dans un communiqué diffusé sur internet (www.farc-ejercitodelpueblo.org) et signé du bureau politique, la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes) assure «à un an de mort du camarade Manuel (d'une crise cardiaque...) continuer de l'avant en développant le plan stratégique».

Ce plan développé depuis que Manuel Marulanda l'a fondée en 1964, a pour but de mener «une confrontation politique militaire contre l'Etat colombien, son régime oligarchique et discriminateur, allaité et dirigé par l'impérialisme américain, poursuit la guérilla, qui a détenu pendant plus de six ans la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt avant sa libération par l'armée le 2 juillet 2008.

«Le légendaire compagnon commandant Manuel Marulanda a tout organisé avec des compagnons de direction (...) pour transformer en réalité notre projet révolutionnaire», écrivent encore les Farc en se disant fidèles à l'action de «Tirofijo» contre les «inégalités sociales et la violence d'Etat».

La guérilla, qui compterait encore entre 7.000 et 10.000 combattants, selon les estimations, mentionne aussi au passage Raul Reyes, numéro deux des Farc tué le 1er mars 2008 dans un bombardement en Equateur et Ivan Rios, autre membre du bureau politique assassiné le 7 mars par un guérillero chargé de sa sécurité.

Parallèlement, au Venezuela, la télévision Telesur a diffusé pour la première fois jeudi des images de la cérémonie qui avait suivi la mort de Manuel Marulanda à 80 ans, où l'on aperçoit des guérilleras pleurant sur sa dépouille, et caressant son visage tandis que des hommes lui font un dernier salut militaire.

A Bogota, le ministre colombien de la Défense Juan-Manuel Santos a assuré lors d'une conférence de presse que les Farc étaient «de plus en plus faibles et qu'elles se comportaient pour cela comme «des bêtes traquées».

Elles ont «abandonné la guerre pour se consacrer au terrorisme», a-t-il accusé après avoir affirmé que son armée avait obtenu la démobilisation, depuis le début de l'année de 713 guérilleros et en avait tué 129 autres.

Une étude publiée par l'Institut d'études géostratégiques de l'Université de Nouvelle Grenade à Bogota a pour sa part affirmé que «l'ère post-Marulanda rend les Farc plus dangeureuses», car les commandants intermédiaires «tentent de s'assurer une reconnaissance et une légitimité en respectant toutes les directives».

Plusieurs attaques ont été menées depuis début mars qui ont fait dire au ministre de la Défense que la guérilla cherchait à commémorer son «mars noir», le mois de 2008 où elle a perdu plusieurs de ses leaders historiques.

Le 6 mars le sabotage du système d'eau d'une agglomération de 300.000 habitants située non loin de Bogota, Villavicencio, qui a privé la ville d'eau potable pendant une semaine, a ainsi été attribué à la guérilla. Puis, plus tard, le dynamitage d'un tronçon colombien de la Panamericana, la route qui traverse l'Amérique latine du sud au nord.

Cinq soldats et sept policiers ont par ailleurs été tués dans différentes attaques qui lui ont également été attribuées depuis samedi, en moins d'une semaine.