Les Salvadoriens votaient dimanche à l'occasion d'une présidentielle au cours de laquelle le parti de l'ancienne guérilla espère l'emporter sur la droite au pouvoir depuis 20 ans.

Le scrutin oppose Mauricio Funes de l'ancienne rébellion du front Farabundo Marti pour la libération nationale (FMLN) au candidat de la droite représentée par Rodrigo Avila. Le président conservateur sortant Elias Antonio Saca est absent du scrutin, car la Constitution lui interdit deux mandats successifs.

Un succès de M. Funes constituerait un revirement historique dans ce petit pays d'Amérique centrale, car il marquerait une victoire de l'ancienne guérilla par les urnes contre le camp conservateur qui l'avait vaincue en 1992, grâce à l'appui de Washington, après une guerre civile de douze ans qui a fait 75 000 morts.

Les 9 543 bureaux ont ouvert à 07h00 locales, pour un peu plus de 4,3 millions d'électeurs. La précédente élection présidentielle, le 21 mars 2004, avait été marquée par une participation élevée de 67,34%.

«Je déclare le scrutin ouvert. Nous invitons tous les Salvdoriens à voter», a déclaré le président du Tribunal suprême électoral (TSE), Walter Araujo, lors d'une cérémonie officielle à San Salvador en présence du corps diplomatique et des représentants des observateurs internationaux de l'Union européenne (UE) et de l'Organisation des États américains (OEA).

Le TSE devrait annoncer les premiers résultats vers 20h00.

Les États-Unis sont d'autant plus attentifs que le FMLN a déjà gagné les législatives de janvier dernier. Des parlementaires ont évoqué par écrit des «menaces potentielles» pour les «intérêts de sécurité nationale» des États-Unis dans le cas d'une victoire de la gauche, qui rapprocherait le Salvador de leur bête noire dans la région, le président vénézuélien Hugo Chavez.

Depuis l'intervention décisive de Washington contre la guérilla, le Salvador est «américanisé», avec une économie «dollarisée» au sens propre du terme, puisque le billet vert est devenu la monnaie nationale.

Le Salvador, qui vient de rapatrier d'Irak le contingent de 200 militaires qu'il y avait envoyé voici cinq ans et demi, a été le seul pays d'Amérique latine à être resté dans le pays jusqu'à la fin du mandat de l'ONU, le 31 décembre dernier.

Certes, le prochain président du Salvador, qui sera officiellement investi le 1er juin prochain, ne pourra gouverner seul, car le FMLN, désormais première formation à l'Assemblée, n'y a pas la majorité absolue. Il devra donc composer en nouant des alliances avec les partis minoritaires, comme c'était déjà le lot de M. Saca.

M. Funes, 49 ans, ancien journaliste vedette de la télévision et correspondant de la station américaine CNN, a promis que, s'il l'emportait, le Salvador demeurerait un allié de Washington. Il a ajouté qu'il ne voyait pas de raison à ne pas «s'entendre» avec le président Barack Obama, dont l'Amérique Latine attend un nouveau dialogue avec les États-Unis.

Le candidat du président Saca, son ancien directeur de la Police nationale, Rodrigo Avila, un ingénieur de 44 ans, a martelé tout au long de sa campagne qu'une victoire de son rival ferait «basculer le Salvador dans le camp du Venezuela de Hugo Chavez».

Elle ouvrirait la porte au «socialisme du XXIe siècle» préconisé par le président vénézuélien, a-t-il répété, soulignant que c'était déjà le cas au Nicaragua de Daniel Ortega et au Honduras de Manuel Zelaya.

«La gauche que je représente est la gauche salvadorienne» et le FMLN a «évolué», a répondu M. Funes.

L'ex-guérilla tient compte des «exigences de l'époque» et a choisi pour slogan le «changement dans la sécurité», a-t-il répété.