Quelque 17 millions de Vénézuéliens votaient dimanche par référendum sur un amendement à la constitution qui rendrait notamment possible la réélection du président socialiste Hugo Chavez.

Le texte soumis aux électeurs modifie cinq articles de la constitution en permettant que président, maires, députés et gouverneurs puissent se représenter autant de fois qu'ils le souhaitent. La règle actuelle n'autorise pas plus de deux mandats consécutifs.

«Ma confiance en la victoire est infiniment plus grande que le 1er décembre 2007», a déclaré samedi Hugo Chavez.

Le 2 décembre 2007, les Vénézuéliens avaient rejeté une vaste réforme de la constitution d'inspiration socialiste qui prévoyait aussi la possibilité de ré-élire le président au-delà de deux mandats de six ans, comme le prévoit le texte actuel.

Si l'amendement était approuvé, a argumenté le chef de l'État élu en 1998 et réélu en 2006, «le gouvernement sera renforcé» pour poursuivre sa révolution bolivarienne.

Au petit matin, les électeurs ont été réveillés par des clairons, pour les inviter à sortir de chez eux. Des pétards et feux d'artifices ont aussi marqué, dans la capitale, le début du scrutin, ouvert à 06H00 (05H00 HNE) et qui devait être clos à 18h00 (17h00 HNE).

Selon les instituts de sondage, l'issue du référendum est incertaine, le nombre d'indécis étant particulièrement élevé.

Le chef de l'État a été omniprésent durant la campagne d'un mois qui a précédé le scrutin, centrée sur son bilan.

«Chavez si», lisait-on sur de nombreuses affiches collées dans la capitale.

«Non à la réélection illimitée», répondaient les pancartes de l'opposition, qui dénoncent aussi la «corruption», «l'inflation», ou encore la misère.

Avant Hugo Chavez, «ce peuple était à la dérive, l'argent rentrait et on ne voyait aucun résultat, maintenant il sert à aider les gens», a déclaré à l'AFP Ana Llamuca, une électrice de Caracas favorable au «oui».

«Nous voulons du changement. Il y a de plus en plus d'insécurité», a dénoncé pour sa part à voix basse Karelis Villarroel, évoquant un thème largement exploité par l'opposition, et sans quitter du regard une moto transportant deux partisans d'Hugo Chavez agitant des drapeaux rouges, la couleur de son mouvement.

Le maire d'opposition de Caracas, Antonio Ledezma, a pour sa part évoqué quelques «difficultés», dénonçant notamment les rondes de camionnettes munies de haut-parleurs qui feraient «ouvertement campagne pour une tendance».

La campagne s'était achevée sur une note polémique avec l'expulsion vendredi soir d'un député espagnol au Parlement européen, Luis Herrero, pour avoir traité Hugo Chavez de «dictateur». Ce dernier a déclaré dimanche qu'il ne retirerait «pas une virgule» de ce qu'il avait affirmé.

Les électeurs sont consultés pour la cinquième fois par référendum depuis l'arrivée au pouvoir d'Hugo Chavez.

Le vote intervient dans un contexte économique assombri par la crise financière mondiale et la chute des cours de l'or noir, qui a alimenté jusqu'à 70% du budget du Venezuela.

L'inflation a dépassé les 30% en 2008, et la croissance est passée de 8,4% en 2007 à 4,9% en 2008.

Le scrutin intervient aussi près de trois mois après des élections régionales et municipales marquées par un recul du chavisme, qui a perdu trois États et la mairie de Caracas. Les partisans de Chavez ont cependant conservé 17 États sur 23, et gardé un avantage numérique (5,5 millions de voix contre 4,5 pour l'opposition).