La campagne pour le référendum de dimanche au Venezuela sur l'éventuel renouvellement illimité des mandats électifs, dont celui du président Hugo Chavez, s'est achevée vendredi à l'issue d'un mois de débats centrés sur la personne du chef de l'Etat et sa gestion.

«Cette campagne a été la plus intense de ma vie», a déclaré M. Chavez jeudi soir à Caracas au cours d'une manifestation de milliers de personnes mobilisées pour le oui à un amendement constitutionnel qui permettrait au président et à tous les élus des autres échelons de l'Etat de solliciter des mandats sans limite.«Je suis sûr que nous allons obtenir une victoire historique», a affirmé le président devant une foule compacte où dominait le rouge, la couleur des t-shirts pour le «oui à Chavez», distribués par milliers aux participants.

M. Chavez avait déjà tenté une fois d'obtenir le feu vert pour des mandats présidentiels successifs et illimités, dans le cadre d'une réforme de la Constitution soumise à référendum en décembre 2007. Mais le non l'avait emporté avec 50,7% des voix et la règle interdisant plus de deux mandats consécutifs a été maintenue.

Cette fois-ci, Hugo Chavez a élargi la question des mandats illimités à tous les élus - gouverneurs, députés, maires et conseillers municipaux-- espérant peut-être noyer le poisson.

L'opposition estime que le référendum de dimanche, le cinquième organisé depuis l'arrivée au pouvoir en 1999 de M. Chavez, n'a pas lieu d'être puisque la question du mandat présidentiel a déjà été posée et tranchée en 2007.

«Non c'est non», est l'un de ses slogans. «L'amendement bafoue la volonté du peuple, elle repose la question de la réélection alors que les gens avaient déjà dit non», a déclaré Leopoldo Lopez, dirigeant du parti social-démocrate Un Nuevo Tiempo (Un temps nouveau).

Au-delà de cette question, les opposants à Hugo Chavez se sont concentrés sur sa gestion.

Avec cet amendement constitutionnel, «nous ne progressons pas, nous ne luttons pas contre l'insécurité, nous ne garantissons pas les emplois, la santé, l'habitat et l'éducation», a déclaré Andres Velasquez, du parti Causa R (centre-gauche), soulignant comme d'autres que le scrutin n'était qu'une excuse pour «constitutionnaliser» le maintien au pouvoir d'Hugo Chavez.

Vendredi les deux camps parachevaient l'organisation de «commandos» et de «patrouilles», envoyés un peu partout pour inciter quelque 17 millions d'électeurs à voter dimanche, le taux de participation étant déterminant pour faire pencher la balance dans un sens ou l'autre, selon les spécialistes.

La vente d'alcool était interdite vendredi à partir de la mi-journée pour éviter des débordements lors du scrutin encadré par quelque 140.000 militaires.

Le référendum organisé à l'issue d'une campagne d'un mois intervient dans un climat économique assombri par la crise financière mondiale et la chute des cours du pétrole, richesse qui alimente jusqu'à 70% du budget de l'Etat. L'inflation a atteint 30% en 2008 et la croissance a chuté, passant de 8,4% en 2007 à 4,9% un an plus tard.

L'insécurité, avec un taux d'homicides record de 49 pour 100 000, selon des données de l'Observatoire de la violence au Venezuela, une ONG qui dénonce ce taux de criminalité, a également été souvent évoquée par les anti-chavistes.

Les instituts de sondages sont restés très prudents dans leurs prévisions, en l'absence d'une tendance nette en faveur d'un camp ou de l'autre.