La guérilla colombienne des Farc a relâché mardi un ex-gouverneur enlevé en 2001, Alan Jara, le cinquième de six otages politiques qu'elle s'était engagée à remettre en liberté cette semaine, sans contrepartie.

«Mardi 3 février, dans un secteur rural du département de Guaviare (sud-est) les Farc ont remis l'ex-gouverneur du département du Meta Alan Jara à la sénatrice Piedad Cordoba et à des délégués du Comité international de la Croix-Rouge», a annoncé le porte-parole du CICR Yves Heller.

L'hélicoptère ramenant l'otage libéré, «dûment identifié avec le sigle du CICR, se dirige vers la ville de Villavicencio où le docteur Jara sera reçu par ses proches et ses êtres chers», a-t-il ajouté lors d'un point de presse vers 13h.

Le porte-parole s'exprimait à Villavicencio, une ville située à une centaine de kilomètres à l'est de Bogota, d'où avait décollé vers 08h50 un hélicoptère, fourni au CICR par le Brésil, à destination d'un lieu tenu secret de la jungle.

Alan Jara est le cinquième de six otages politiques que la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) s'était engagée à libérer, dans un communiqué du 21 décembre.

Dimanche, trois policiers et un soldat, enlevés en 2007, ont été relâchés.

Le processus qui devait se poursuivre par la libération dès lundi de M. Jara, a été retardé à cause d'une polémique suscitée par les déclarations d'un membre de la délégation partie chercher les otages.

Ce journaliste appartenant au collectif de gauche «Colombiens pour la paix», a accusé publiquement l'armée d'avoir violé les garanties de sécurité entourant l'opération en effectuant des survols au-dessus de la zone de remise, dimanche matin dans le sud de la Colombie.

Après plusieurs heures de crise, trois représentants de ce collectif ont été exclus par le gouvernement de la délégation ainsi que la principale médiatrice, la sénatrice d'opposition (Parti libéral) Piedad Cordoba.

Le gouvernement a finalement accepté lundi matin que celle-ci poursuive sa mission et s'est engagé à interdire les survols aériens, y compris au-dessus de 20.000 pieds, ce qui n'avait pas été le cas initialement dimanche.

Alan Jara, un ingénieur de 51 ans marié et père d'un fils aujourd'hui âgé de 15 ans, a été enlevé le 15 juin 2001, alors qu'il se déplaçait dans le département de Meta à bord d'un véhicule de l'ONU.

Il a été surnommé par ses compagnons de captivité «l'ange gardien» pour leur avoir donné la force de survivre en leur enseignant le russe et l'anglais en pleine jungle.

Jeudi, la guérilla doit encore libérer un ex-député enlevé en 2002, Sigifredo Lopez.

En annonçant la libération unilatérale de six de ses 28 otages politiques, la guérilla était revenue sur sa décision de ne plus relâcher d'otages sans démilitarisation préalable de certaines régions, annoncée en 2008 à l'issue de six autres libérations sans contrepartie, en janvier et février.

La guérilla qui détient encore 23 otages «politiques», c'est-à-dire échangeables de son point de vue contre des combattants incarcérés par les autorités, a présenté sa décision comme un geste de «bonne volonté», dans le cadre d'un dialogue écrit entamé en septembre avec Colombiens pour la paix.

Mardi, Mme Cordoba, fondatrice de ce collectif, a annoncé qu'elle profiterait de la remise d'Alan Jara pour demander d'autres libérations à la guérilla.

Outre les otages politiques, les Farc détiennent aussi plusieurs centaines de personnes (entre 350 et 700 selon les estimations) pour lesquelles elle exige une rançon.