Les autorités colombiennes et le CICR mettaient au point vendredi les derniers détails logistiques nécessaires à la libération de six otages que la guérilla des Farc s'est engagée à relâcher à partir de dimanche, un geste destiné selon elle à encourager le dialogue.

Vendredi en fin d'après-midi, le chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Colombie, Christophe Beney devait se réunir avec le ministre de la Défense Juan-Manuel Santos.

Ils doivent s'accorder sur les garanties de sécurité nécessaires à l'opération, en particulier, l'arrêt «36 heures avant, des opérations militaires dans les régions concernées», a déclaré à l'AFP le porte-parole du CICR en Colombie Yves Heller.

La délégation qui ira chercher les otages a pour sa part quitté la Colombie vendredi matin à destination du Brésil, qui fournit les moyens aériens nécessaires à l'opération.

Cette délégation est composée, outre de la sénatrice d'opposition (Parti libéral) Piedad Cordoba, d'un médecin français du CICR, Pierre Hofer, de la directrice suisse des opérations pour l'Amérique de cet organisme, Patricia Danzi et de l'adjoint du chef de mission du CICR en Colombie, le suisse Thierry Grobet, a-t-on précisé au CICR.

Trois membres de Colombiens pour la paix, un groupe de personnalités de gauche qui dialogue par écrit avec la guérilla depuis septembre (une militante des droits de l'Homme et deux journalistes) seront également présents.

La délégation sera au plus tard dimanche à l'aube à Villavicencio, une ville à 90 km à l'est de Bogota. C'est de là que partira un hélicoptère portant le sigle du CICR pour aller chercher les premiers des six otages libérés.

Selon Colombiens pour la paix, le processus de libération se fera en trois étapes entre dimanche et mercredi.

Dimanche, la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), relâchera trois policiers et un militaire.

Lundi, Alan Jara, ancien gouverneur du département central de Meta enlevé en 2001, retrouvera à son tour la liberté. La délégation se transfèrera ensuite à Cali (500 km au sud-ouest de Bogota) d'où elle ira, en principe mercredi, chercher Sigifredo Lopez, un ancien député enlevé en 2002.

Une fois les six hommes libérés, seuls 22 militaires et policiers resteront entre les mains des Farc, Alan Jara et Sigifredo Lopez étant les deux dernières personnalités politiques détenues par la guérilla marxiste

Celle-ci avait annoncé le 21 décembre son intention de libérer sans contrepartie six de ses 28 otages dits «politiques», revenant ainsi sur sa décision de ne plus procéder à des libérations unilatérales sans démilitarisation préalable de certaines régions.

Dirigées depuis 2008 par Alfonso Cano, qui a succédé au fondateur Manuel Marulanda après sa mort, les Farc avaient présenté cette décision comme un «geste de bonne volonté». Le gouvernement l'avait pour sa part interprétée comme une «manoeuvre» destinée à alléger la pression militaire sur la guérilla et à lui redonner une visibilité internationale.

En dépit de ces déclarations et de l'attentat qui a fait deux morts mardi à Bogota, attribué par la police à une unité des Farc pratiquant l'extorsion , le processus n'a pas déraillé.