Le dirigeant cubain malade Fidel Castro, 82 ans, est réapparu sur des photos publiées vendredi par la présidence argentine, les premières depuis deux mois, alors qu'il a pour la première fois évoqué sa mort peut-être prochaine dans une «réflexion» parue dans la presse locale.

Sur l'une des photos publiée vendredi par la présidence argentine et le site officiel cubain cubadebate.cu, on peut voir Fidel Castro, debout, en survêtement de sport, aux côtés de la présidente argentine Cristina Kirchner qu'il avait reçue mercredi dans sa «retraite médicale».

Les photos du «Comandante», les premières publiées depuis le 18 novembre, ont été prises par les autorités cubaines qui n'ont pas permis aux photographes de la délégation argentine d'assister à la rencontre tenue dans un lieu gardé secret.

La rencontre avec Mme Kirchner était intervenue sur fond de rumeurs sur une aggravation de l'état de santé du Père de la Révolution cubaine.

Ce dernier n'avait plus reçu de chef d'Etat étranger depuis novembre et n'avait plus publié de «réflexions» depuis le 15 décembre, hormis un laconique message de 16 mots pour le 50e anniversaire de la Révolution le 1er janvier.

Le «Comandante» a tenté de donner une explication à son silence médiatique dans une brève «réflexion» où il fait l'éloge des «idées sincères» du nouveau président américain Barack Obama avant d'évoquer pour la première fois sa propre mort comme une éventualité proche.

«J'ai diminué les Réflexions comme je me l'étais proposé pour cette année, afin de ne pas interférer ou de gêner les compagnons du Parti et de l'Etat dans les décisions qu'ils doivent prendre» face à la crise financière mondiale, a écrit l'ancien président cubain.

«Je me sens bien, mais j'insiste: aucun d'eux ne doit se sentir impliqué par mes éventuelles Réflexions, ma grave maladie ou ma mort», a-t-il ajouté, laissant entendre que ses éditoriaux, plus de 150 depuis mars 2007, auraient pu indisposer des membres d'un Parti divisé entre partisans de réformes et conservateurs.

Fidel Castro a dû céder le pouvoir en juillet 2006 à son frère Raul, numéro deux du régime, à la suite d'une grave hémorragie intestinale. Il n'a plus fait depuis d'apparition publique mais reste présent sur la scène médiatique par le biais de ses «réflexions» dans lesquelles il se pose en gardien de l'orthodoxie.

«J'ai eu le rare privilège de pouvoir observer pendant très longtemps l'actualité. Je reçois l'information et médite calmement sur les événements. J'espère ne pas avoir à jouir d'un tel privilège dans quatre ans quand le premier mandat présidentiel d'Obama sera achevé», a-t-il affirmé en conclusion de son message intitulé le «onzième président des Etats-Unis». Obama est le onzième chef d'Etat américain depuis la Révolution cubaine de 1959.

Raul Castro, 77 ans, avait, quant à lui, assuré mercredi que si son frère était gravement malade, il ne pourrait effectuer, comme il est prévu, un voyage présidentiel en Russie à la fin du mois.

«Il fait de l'exercice, pense beaucoup, écrit beaucoup, me conseille et m'aide», a assuré Raul Castro qui avait promis à son arrivée au pouvoir des «réformes structurelles» pour relancer une économie exsangue, contrôlée à 90% par l'Etat.

Mais les réformes promises n'ont guère avancé en raison, selon des experts, de l'opposition de l'aile conservatrice du Parti qui doit en principe tenir en octobre un important congrès, le premier depuis 1997, pour définir la politique à suivre.