Trois navires de guerre russes ont accosté vendredi matin au port de La Havane pour une escale de plusieurs jours, une première depuis la chute de l'URSS en 1991 qui constitue un nouveau pas dans la coopération militaire entre les deux anciens alliés de la guerre froide.

Le bâtiment de lutte anti-sous-marine «Admiral Tchabanenko» a été accueilli par une salve de canon à son entrée vers 09h40 (8 h 40 HNE) dans le port de la capitale cubaine, où il mouillera jusqu'à mardi après une série d'escales dans des pays comme le Venezuela et le Nicaragua, alliés de Cuba en mauvais termes avec Washington.

Le destroyer est accompagné de deux navires de ravitaillement, l'Ivan Boubnov et le SB-406.

L'ambassade de Russie à La Havane a souligné que cette visite très symbolique ne visait «aucun pays tiers», dans une allusion aux Etats-Unis.

Le commandement de la flotille russe doit rencontrer le chef de la Marine de guerre révolutionnaire cubaine Pedro Perez Betancourt, et se rendre à l'Académie navale et au siège de l'assemblée provinciale, écrit le journal officiel cubain Granma.

Ajoutant à la symbolique de cette visite destinée, selon la Marine russe, à «renforcer la coopération entre les flottes des deux pays», la population cubaine a été invitée à monter à bord des navires, a fait savoir la presse officielle cubaine.

Les marins russes déposeront également des gerbes au monument de José Marti (1853-1895), héros de la lutte d'indépendance cubaine, ainsi qu'au mémorial des soldats soviétiques qui ont servi à Cuba pendant la guerre froide.

Les trois navires russes ont participé à des manoeuvres communes avec la marine vénézuélienne en mer des Caraïbes avant de se rendre à Panama, au Nicaragua, puis à Cuba.

Cette escale dans l'île communiste intervient 20 jours après une visite de Dmitri Medvedev, qui était la première d'un président russe en huit ans. Il avait alors mis l'accent sur la relance du partenariat économique et militaire avec son ancien allié de la guerre froide.

Après des années d'étroite coopération, notamment militaire, les relations entre Moscou et La Havane s'étaient détériorées à la chute de l'URSS en 1991, qui avait entraîné une très grave crise économique à Cuba.

Fidel Castro avait dénoncé en 2000 la décision unilatérale de Vladimir Poutine, alors président, de fermer la base d'écoutes de Lourdes, dans la banlieue de La Havane, qui était considérée comme le dernier vestige de la guerre froide.

L'île communiste a depuis trouvé de nouveaux partenaires économiques, à commencer par le Venezuela, également son principal allié politique, et la Chine.

Depuis l'arrivée au pouvoir de Raul Castro en juillet 2006, en remplacement de son frère malade qui, à 82 ans, continue cependant de veiller à l'évolution de la politique cubaine, Cuba s'est davantage rapproché de la Russie. Et ce à un moment où les relations de cette dernière se sont en parallèle détériorées avec Washington en raison du projet américain de bouclier antimissiles en Europe de l'Est.

Cuba a dans le même temps accru la coopération avec une Amérique latine beaucoup plus ancrée à gauche et qui soutient l'île communiste contre l'embargo commercial et financier qui lui est imposé depuis 1962 par les Américains.

Les manoeuvres inédites de quatre navires russes avec la marine du Venezuela début décembre ont marqué le grand retour de la présence militaire de Moscou dans les Caraïbes depuis la fin de la Guerre froide.

Trois des bâtiments ont ensuite effectué une mission humanitaire au Nicaragua, à l'invitation du président de gauche Daniel Ortega, une visite qui avait été dénoncée par l'opposition comme étant une «violation de la souveraineté nationale».