Le président cubain Raul Castro a entamé samedi au Venezuela, son principal allié économique et politique, sa première visite officielle en tant que chef d'Etat depuis qu'il a pris la relève en juillet 2006 de son frère Fidel à la tête de Cuba.

Le dirigeant communiste, âgé de 77 ans, ne devait rester initialement que quelques heures au Venezuela mais il a repoussé à lundi son départ pour le Brésil où il doit assister à un sommet sur le développement des pays d'Amérique latine et des Caraïbes.

Accompagné de plusieurs ministres, le général Raul Castro, qui occupait le ministère de la Défense avant de succéder à son frère, a été accueilli avec les honneurs militaires par son homologue Hugo Chavez, chef de file de la gauche radicale en Amérique latine et bête noire des Etats-Unis.

Au terme d'une réunion intergouvernementale qui s'était ouverte la veille, les représentants des deux pays ont signé un protocole d'entente sur la création d'une «holding» ayant pour mission de «développer des entreprises mixtes pour le raffinage de pétrole et de gaz naturel liquide à Cuba et de contribuer à l'expansion des raffineries cubaines de Cienfuegos et Hermanos Diaz».

Les deux pays comptent développer en 2009 un total de 173 projets bilatéraux d'une valeur de 2 milliards de dollars, contre 1,5 milliard USD en 2008, selon des chiffres officiels vénézuéliens.

Caracas est devenu le premier partenaire économique de La Havane, après l'effondrement en 1991 de l'Union soviétique - qui avait entraîné une grave crise économique à Cuba - et l'arrivée au pouvoir de M. Chavez il y a dix ans.

Principal exportateur latino-américain de pétrole, le Venezuela fournit quotidiennement à prix préférentiels à Cuba quelque 100 000 barils de brut.

Pour son premier déplacement à l'étranger, Raul Castro a été décoré de l'ordre du «Libérateur» par M. Chavez qui lui a également offert une réplique de l'épée de Simon Bolivar, grand artisan de l'émancipation des colonies espagnoles au XIXe siècle.

Hugo Chavez se considère comme le «fils spirituel» du vieux dirigeant historique cubain Fidel Castro. Il lui a déjà rendu plusieurs fois visite dans sa «retraite médicale» tenue secrète dans les environs de La Havane.

«Fidel est le père de tous les révolutionnaires de cette terre», a-t-il dit.

Selon M. Chavez, la visite de Raul Castro a «la même signification» que celle de son frère à Caracas au lendemain de la révolution cubaine.

Vingt-deux jours après la chute de la dictature de Fulgencio Batista le 1er janvier 1959, le «lider maximo» s'était rendu dans la capitale vénézuélienne, d'où il avait prononcé son premier discours hors de Cuba.

Le président cubain devait initialement effectuer son premier déplacement international au Brésil pour le sommet Amérique latine-Caraïbes prévu mercredi prochain, avant que Hugo Chavez ne fasse l'annonce le mois dernier que cette première visite se ferait à Caracas.

Caracas et La Havane, en très mauvais termes avec Washington --qui maintient depuis 1962 un embargo contre Cuba-- se sont rapprochés ces derniers temps de la Russie, dont les relations sont tendues avec Washington en raison notamment de son projet de bouclier antimissile en Europe de l'Est.

Caracas et La Havane ont par ailleurs lancé en 2005 l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (Alba) dont font partie également la Bolivie, le Nicaragua et le Honduras et qui se veut une alternative à la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) promue par les Etats-Unis.