Dix années après avoir remporté les élections présidentielles, le président vénézuélien Hugo Chavez, devenu un dirigeant de poids dans la région , espère rester au pouvoir au-delà de 2013 pour poursuivre la «révolution» et à cette fin, relance un projet d'amendement constitutionnel.

Populaire et populiste, convaincu que la révolution bolivarienne n'en est qu'à ses balbutiements, Hugo Chavez, 54 ans, à la veille de célébrer sa première décennie de pouvoir, se déclarait récemment «prêt» à gouverner «jusqu'en 2021», année symbolique qui marquera le bicentenaire de la dernière grande bataille d'indépendance au Venezuela.

Mais en vertu de la législation qui interdit au président de briguer un troisième mandat, M. Chavez, réélu en 2006, doit céder le pouvoir en 2013.

«On m'a convaincu que, indépendamment de ce que disent mes adversaires, je dois rester quelques années de plus à la tête du gouvernement du Venezuela», a toutefois expliqué le président vénézuélien.

Et M. Chavez d'annoncer que sa formation politique, le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) avait pour mission de «lancer le débat et les actions pour obtenir cet amendement constitutionnel et la réélection du président».

«Nous proposons un amendement qui sera soumis à référendum (en 2009, ndlr) pour que le peuple décide. Nous ne sommes pas tenus de renoncer à un chef» tel que Chavez, a souligné Earle Herrera, député et membre de l'Assemblée constituante.

Pourtant en 2007, les électeurs avaient déjà rejeté, à l'occasion d'un référendum, le projet de nouvelle Constitution voulu par M. Chavez qui jetait les bases d'un modèle collectiviste et surtout autorisait la réélection présidentielle illimitée.

Subissant son premier revers électoral, le chef de l'Etat avait alors déclaré accepter le verdict des urnes, assurant qu'il n'«insisterait pas sur ce thème».

«Ce qui a commencé en 1998 par un projet de changement social se termine en une seule et unique proposition : pas de limite de mandat. Toutes les promesses sont concentrées sur un seul nom : Chavez. Il est le peuple, la révolution et désormais il veut aussi être le temps», a estimé Alberto Barrera Tyszka, co-auteur d'un ouvrage intitulé «Chavez sin uniforme» (Chavez sans uniforme), interrogé par l'AFP.

Les récentes élections régionales, qui avaient été présentées par les observateurs comme un test pour sa révolution «bolivarienne», ont été marquées le 23 novembre par la victoire toute relative de sa majorité, accusant des défaites dans les Etats les plus peuplés, les plus riches et perdant la capitale.

Cependant, M. Chavez conserve une forte popularité, évaluée à 57%, selon l'institut de sondage Datanalisis, et personne dans l'opposition ne semble en mesure de lui faire de l'ombre.

«Chavez croit qu'après lui il n'y a personne et ce n'est pas la vérité. Ce pays va continuer d'avancer avec ou sans lui. Il y a une durée et des règles à respecter prévues dans la Constitution et elles ne peuvent pas changer du jour au lendemain», a rappelé Ismael Garcia, député de Podemos, parti allié au président jusqu'en 2006, avant d'entrer en dissidence.

L'historien Manuel Caballero relève en outre que l'opposition a bien «obtenu ses premières victoires», soulignant toutefois qu'elles ne doivent pas être attribuées «uniquement à la direction des partis politiques mais à la force de la culture démocratique dans la société vénézuélienne».

«Le premier grand triomphe de l'opposition de ces dix années a été d'exprimer et de s'unir en un bloc qui a empêché la progression» des initiatives les plus radicales de Chavez, a souligné M. Caballero.

«Son deuxième triomphe est surtout d'être parvenu à vaincre les tendances putschistes et abstentionnistes» dans ses propres rangs, a-t-il ajouté.