Victime d'inondations sans précédent, l'État brésilien de Santa Catarina (sud) faisait face mercredi à une situation chaotique entre pillages, éboulements de terrain et risques d'épidémies.

Le bilan de cette catastrophe était mercredi soir de 98 morts, selon les services de la défense civile. Les autorités ont revu à la hausse le nombre de sans abri, le chiffrant désormais à 78 000, et estiment que 1,5 million de personnes sont touchées à des degrés divers par ces intempéries. «C'est la pire catastrophe écologique que nous ayons vu», a déclaré mercredi le président Luiz Inacio Lula da Silva après le survol d'une partie de la vallée de l'Itajaï - principal pôle textile du pays - transformée par les pluies torrentielles du week-end en une mer de boue.

«Je suis d'une région où les gens passent la moitié de l'année à prier pour qu'il pleuve et ici à Santa Catarina, nous devons demander à Dieu que la pluie s'arrête», a ajouté Lula, originaire d'une région aride du nord-est du Brésil.

Lula a signé mercredi un décret pour débloquer 1,6 milliard (bien 1,6) de reals (700 millions de dollars) qui iront notamment à la reconstruction des routes, des ponts et des maisons à Santa Catarina.

Des actes de pillage ont été signalés depuis mardi dans des supermarchés et pharmacies de la ville portuaire d'Itajaï où la moitié des 200 000 habitants ont été évacués, selon un responsable des pompiers, Samuel Martins.

Des centaines d'habitants se sont précipités dans au moins trois supermarchés envahis par les eaux, emportant tout ce qu'ils pouvaient: aliments, produits de base, mais aussi alcool, cigarettes, équipements électroniques... La police, débordée, n'est apparemment pas intervenue. «Les pilleurs ne se contentent pas d'emporter de la nourriture ou des médicaments mais prennent alcool et cigarettes», a déclaré le responsable des pompiers.

À Blumenau, une ville de près de 300 000 habitants, qui a été la plus touchée, 21 personnes sont mortes dans des éboulements de terrain. Des maisons abandonnées à la hâte par leurs occupants ont également fait l'objet de vandalisme et de pillages. «Il s'agit de cas isolés mais 180 policiers font des rondes dans la ville pour assurer la sécurité des habitants», a indiqué le service de presse de la mairie.

Dans huit communes totalement isolées, comme Pomerode, secours et ravitaillement n'arrivaient toujours mercredi que par hélicoptère.

«Nous sommes encore dans la phase des sauvetages et nous en avons déjà fait 500. Nous avons aussi distribué trois tonnes d'aliments, médicaments et eau potable», a déclaré à la chaîne TV Globo News le colonel José Henrique Rufo, à la tête d'une unité de 550 militaires qui participent aux secours à Blumenau.

Les eaux ont commencé à baisser, même si 75% de la région est encore inondée, selon la Défense civile qui a averti contre «les risques de nouveaux éboulements de terrain».

Ces risques augmentent en raison de la grande quantité d'eau infiltrée dans le sol sur le versant des collines. L'Institut de recherches technologiques de l'État de Sao Paulo (IPT) a envoyé des spécialistes pour aider la Défense civile à prévenir d'autres éboulements.

Une autre grande préoccupation des autorités est le risque d'épidémies. Des experts de la prévention de maladies comme la leptospirose (transmise par l'urine des rats notamment) devaient arriver en renfort à Santa Catarina.