Avec un bilan encore provisoire de 79 morts et 54 000 sans abri, le sud du Brésil connaît ses pires inondations en près d'un demi-siècle, touchant particulièrement la ville touristique de Blumenau, connue pour ses maisons à colombages et ses jardins fleuris.

Le gouverneur de Santa Catarina, Luiz Henrique da Silveira, qui a décrété samedi l'état d'urgence, a déclaré faire face à «la pire tragédie climatique de l'histoire de la région», précisant ne pas savoir «combien de personnes peuvent avoir disparu».

Mardi, des actes de pillage ont été signalés dans des supermarchés et pharmacies de la ville portuaire d'Itajaï, selon un responsable des pompiers, Samuel Martins. Mais il a précisé qu'il s'agissait surtout d'alcool et de cigarettes.

La région verdoyante de la vallée de l'Itajaï, la plus affectée, a été transformée par les pluies torrentielles du week-end en une véritable mer de boue et les autorités estiment que 1,5 million de personnes sont touchées à divers degrés par les intempéries.

Les eaux ont commencé à baisser, même si près de 80% de la région est encore inondée, selon la défense civile mardi qui a alerté sur «les risques de nouveaux éboulements de terrain». La météorologie annonce des pluies jusqu'à mercredi.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a promis l'envoi d'avions de l'armée de l'air pour aider à l'acheminement des secours. D'ores et déjà, cinq cents soldats de l'armée aident les victimes,

La ville la plus touchée est Blumenau avec ses 297 000 habitants, où 20 personnes sont mortes dans des éboulements de terrain, selon un nouveau bilan diffusé mardi en fin de journée par la défense civile. Plus de vingt-trois mille personnes ont été évacuées et recueillies dans des abris improvisés.

Les autres villes les plus touchées sont Ilhota (15 morts), Gaspar (13 morts) et Jaragua do Sul (12).

«Il nous faudra un an et demi à deux ans pour reconstruire les infrastructures détruites. Dans le sud de la ville tous les ponts ont cédé», a déclaré mardi Joao Paulo Kleinübing, le maire de Blumenau soulignant le «besoin de matelas, couvertures et aliments».

Dans cette ville qui porte le nom de son fondateur en 1850, le médecin allemand Hermann Blumenau, les eaux du fleuve Itajai-Açu qui traverse la localité sont montées jusqu'à 11,5 m au-dessus du niveau normal. Plus de 160 000 habitants étaient toujours sans électricité mardi et l'approvisionnement en eau potable coupé dans toute la ville.

Les cours ont été suspendus dans les écoles envahies par les eaux dans les zones sinistrées. Dans huit communes totalement isolées, comme Pomerode, secours et ravitaillement n'arrivaient toujours mardi que par hélicoptère.

«Cela a été pire que lors des grandes inondations de 1984 car personne n'a eu le temps de se préparer, la pluie torrentielle est venue d'un seul coup», a déclaré à l'AFP James Locatelli, 60 ans, joint par téléphone depuis Rio de Janeiro.

Dimanche, il y a plu en cinq heures l'équivalent des précipitations d'un mois de novembre, selon les autorités.

Avec les intempéries, l'un des pipelines du gazoduc Brésil-Bolivie a été endommagé entre Luiz Alves et Blumenau, laissant une partie de l'État de Santa Catarina et de son voisin Rio Grande do Sul sans gaz.

D'autres États, comme le Rio Grande do Sul et Espirito Santo, ont aussi été touchés, mais moins gravement, par les pluies, les inondations et les glissements de terrain.