Des milliers d'indigènes colombiens étaient attendus jeudi à Bogota en provenance de Cali, dans le sud-ouest du pays, après l'échec de discussions avec le président Alvaro Uribe pour réclamer le respect de leur droit à la vie et plus de terres.

Ils ont prévu de se rassembler vendredi dans le centre de Bogota, à proximité du palais présidentiel, et espèrent obtenir le soutien de l'opposition.

Les indigènes de Colombie, qui représentent 3% de la population, ont lancé à la mi-octobre un mouvement de protestation qui s'est soldé par trois morts lors d'affrontements avec la police et quelque 200 blessés, dont 70 parmi les forces de l'ordre.

Partis de la réserve autochtone de La Maria (département de Cauca), ils avaient déjà marché une centaine de kilomètres jusqu'à Cali (450 km au sud-ouest de Bogota), où le président colombien avait promis de les rencontrer. Mais la réunion du 26 octobre n'a débouché sur aucun accord.

Douze mille d'entre eux, selon leurs représentants, ont repris ensuite la route vers la capitale, pour beaucoup à bord de camions.

La «minga» (mouvement de protestation, ndlr) indigène plonge ses racines dans plusieurs tueries d'autochtones attribuées à des groupes paramilitaires d'extrême-droite pour lesquelles personne n'a jamais été condamné.

Le «massacre du Nil», en 1991 avait entraîné la signature d'accords avec l'Etat en vertu desquels 15.000 hectares de terres devaient leur être remises. Mais, selon leurs représentants l'accord n'a jamais été respecté.

«Dans certaines régions, les propriétaires refusent de vendre; nous ne pouvons pas les obliger», s'est justifié récemment le ministre de l'Intérieur Fabio Valencia.

Les autorités affirment aussi que les indigènes possèdent déjà 27% du territoire. Les autochtones répondent que 60% des terres, situées en pleine jungle, ne sont pas cultivables.

Les indigènes affirment enfin que leur neutralité est trop souvent bafouée par les acteurs du conflit colombien (guérillas, armée, paramilitaires et narcos).

Selon l'Organisation nationale des indigènes de Colombie (Onic), plus de 1.200 indigènes ont été assassinés depuis 2002 et plus de 50.000 ont été déplacés.